Quelqu'un qui aime les chats ne peut pas être foncièrement mauvais... C'est l'impression que l'on retire de la lecture de l'essai d'Anne Davis, Drôles de chats (Bartillat, 282 pages, 17 €) qui brosse avec une passion communicative le portrait d'une centaine de chats célèbres ou ayant été les compagnons de célébrités. Les " ailurophiles " (en d'autres termes les amoureux des chats) goûteront ces présentations brèves, écrites d'une plume alerte et non dénuée d'humour. Ils pourront même les offrir autour d'eux pour les fêtes sans craindre de se tromper.
Tour à tour, on croise au fil des pages des félins de fiction, comme Alphonse (des Contes du chat perché de Marcel Aymé), Azraël " le chat le plus méchant de la littérature ", le chat du Cheshire (Alice au pays des merveilles), Félix, Garfield, Grisabella (héroïne de Cats), Raminagrobis, sans oublier bien entendu le chat de Geluck ou le Chat du rabbin de Joann Sfar. Des animaux bien réels, aux destins surprenants ou insolites pointent aussi leur museau, comme Barsik, qui fut candidat aux élections en Sibérie (face à des politiques souvent cabots, il avait ses chances), Charlie, qui " servait " dans la Royal Navy, Dewey, chat de bibliothèque, Félicette, première chatte astronaute, Humphrey, chasseur de souris en chef du 10, Downing Street ou Stubbs, qui fut élu maire d'une petite ville de l'Alaska.
Ce sont toutefois les chats d'artistes qui se taillent ici la part de leur grand cousin le lion. Ils appartiennent à presque tous les siècles, avec, cependant, une forte proportion ayant vécu aux XIXe et XXe. Ecrivains (du Bellay, Céline, Colette, Mallarmé, Malraux, Hugo, Barbey d'Aurevilly, Paul Morand, Léautaud, Chateaubriand, Dumas...), peintres (Paul Klee, Foujita, Leonor Fini, Klimt...), musiciens (Henri Sauguet, Scarlatti...), se trouvaient unis par l'amour des matous. Ils avaient été rejoints par quelques politiques dans cette affection (De Gaulle, Churchill...). Chacun avait un avis sur son animal favori, souvent rapporté par l'auteure qui truffe ses notices d'anecdotes et de détails piquants.
Théophile Gautier, qui adorait les chats, disaient qu'ils étaient les " tigres des pauvres diables " et Malraux reconnaissait que, lorsqu'Essuie-plume dormait sur la feuille sur laquelle il travaillait, il écrivait autour du chat. Quant à l'écrivain et critique Remo Forlani, voici ce qu'il en disait : " Le chat est le dernier représentant du paradis terrestre. C'est l'animal le plus domestique et le plus sauvage en même temps. Le chien a un côté un peu connard. Il vous apporte vos pantoufles. Le chat ne vous apporte rien du tout. On a à la fois un tigre et un ours en peluche à la maison. [...] Et puis, un chat, ça fait des conneries, des petites conneries, c'est mieux qu'un gosse, quoi ! " Quand on vous disait que quelqu'un qui aime les chats ne pouvait pas être foncièrement mauvais...
Illustration : mes chats (de g. à d.) Sacha et Ulysse.
Signaler ce contenu comme inappropriéÀ propos de T.Savatier
Ecrivain, historien, passionné d'art et de littérature, mais aussi consultant en intelligence économique et en management interculturel... Curieux mélange de genres qui, cependant, communiquent par de multiples passerelles. J'ai emprunté aux mémoires de Gaston Ferdière le titre de ce blog parce que les artistes, c'est bien connu, sont presque toujours de mauvaises fréquentations... Livres publiés : Théophile Gautier, Lettres à la Présidente et poésies érotiques, Honoré Campion, 2002 Une femme trop gaie, biographie d'un amour de Baudelaire, CNRS Editions, 2003 L'Origine du monde, histoire d'un tableau de Gustave Courbet, Bartillat, 2006 Courbet e l'origine del mondo. Storia di un quadro scandaloso, Medusa edizioni, 2008
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