« Je rêve de concevoir pour Paris un vaisseau magnifique qui symbolise la profonde vocation culturelle de la France. » Frank Gehry.
La fondation Louis Vuitton est un musée d’art contemporain ancré au cœur de Paris qui tend à renouveler le paysage culturel de la ville. Frank Gehry est connu pour ses projets innovants et sa manière spontanée et instinctive de travailler par un trait de crayon ou directement sur maquette.
On se souvient de la maison dansante à Prague et ses formes sinueuses, du musée Guggenheim à Bilbao ou encore la fondation Guggenheim réalisée à Abu Dhabi qui font preuve d’une créativité à la mise en œuvre complexe. C’est à partir de l’observation de la ville mais aussi de son goût pour l’art contemporain que Frank Gehry va forger ses outils conceptuels. Lauréat du Pritzker Prize en 1989, il explique dans son discours que c’est par ses amis artistes que lui est venue l’idée de libérer son architecture des contraintes formelles liées aux matériaux et aux formes conventionnelles.
A travers les arbres du Bois de Boulogne et du jardin d’acclimatation dans lequel il est implanté, la fondation Louis Vuitton se distingue progressivement par ses grandes voiles imposantes.
Les voiles du « vaisseau » nous amènent à longer le pied du bâtiment et à découvrir dès le début un jeu de lumière obtenu par l’utilisation de matériaux et d’éléments naturels. Le mariage de l’eau et de la pierre, à l’abri du verre, donnent un aspect minimaliste et pur à la promenade architecturale. L’escalier fragmente le déversement de l’eau jusqu’à un bassin qui assoit le bâtiment et semble le faire flotter.
Le bâtiment est gigantesque mais semble pourtant être en perpétuel mouvement grâce à la légèreté de ses formes qui se détachent l’une de l’autre. Les lignes jouent entre elles, dans la structure, la trame des parois en verre, le calepinage de la pierre et les marches de l’escalier. L’entrée principale est dessinée par la voile la plus haute et la rend monumentale. Elle donne le point de départ et offre un bain de lumière au hall d’entrée qui dessert les différentes salles d’expositions, l’auditorium, le restaurant et la boutique.
Dès le début, la descente se fait jusqu’au pied du bâtiment pour entamer l’exposition. Au bord du bassin, l’installation d’Olafur Eliasson vient accentuer cette idée de reflet, de lumière et de linéarité. L’artiste place, à intervalles réguliers, des dispositifs optiques et lumineux reflétant leur couleur dans la pénombre du bassin et multipliant par deux l’effet souhaité. Traversant les vastes installations, le visiteur devient partie prenante d’une chorégraphie de lumière. L’exposition explore les liens entre corps, mouvement, perception de soi et les rapports entre les gens et leur environnement.
Le parcours se fait de bas en haut et nous amène progressivement à monter jusqu’au toit.
Malgré un extérieur libre et désordonné, les salles d’expositions et la circulation sont organisés de manière stricte et les espaces sont bien définis.
A chaque palier ou chaque étage, un point de vue s’offre au visiteur qui découvre une facette différente du bâtiment à différemment moment de son cheminement. Le bâtiment devient autant œuvre d’art que les pièces qu’il expose.
Les multiples lignes tracées par les murs ou les mains courantes nous indiquent le rythme saccadé des allées à emprunter.
Pour accéder au toit, l’architecte nous oblige à prendre un escalier aux allures d’issues de secours et nous plonge dans la structure même du bâtiment rappelant les coques de bateaux. Il marque ainsi jusqu’au bout sa volonté de transparence en montrant au visiteur tous les aspects, même les plus bruts, de sa réalisation.
Au sommet, des paliers surplombent le « canyon » et offrent des vues partielles de Paris : le bois de Boulogne, le quartier de la Défense, la tour Eiffel… qui nous permettent de placer le bâtiment dans son contexte.
Ce véritable jardin architectural est un espace luxueux de tranquillité qui nous permet de dépasser la hauteur de certaines voiles et ainsi défier la monumentalité de la construction. L’architecte joue avec les proportions de l’homme et du bâtiment qu’il appréhende du plus bas au plus haut.
A l’image du musée qui offre de multiples circulations, le visiteur est invité à un voyage architectural et chacun est libre de son parcours.
Matériaux :
Le sol des espaces en lien avec l’extérieur – hall, terrasses, parvis – est réalisé dans un calcaire de Bourgogne, la pierre de Rocherons Doré. La disposition des pierres dessine un motif de calaminage en « tremblement de terre », le « earthquake patern », que l’on retrouve également dans le montage des 19000 panneaux de Ductal.
Les voiles de verre sont portées par une charpente composée de poutres, toutes différentes, d’acier et de bois de mélèze lamellé-collé. L’ensemble de la charpente constitue une réelle prouesse, tant technologique qu’esthétique, par le dialogue entre un matériau naturel et un matériau issu de la sidérurgie.
Les parois vitrées assurent la clôture des espaces laissés ouverts entre les 19 volumes de
l’ « iceberg ». Elles sont constituées de panneaux de verre plans assemblés grâce à des nœuds en aluminium réalisés par des machines à commande numérique, permettant d’épouser la complexité des surfaces.
Tous ces éléments sont conçus sur mesure grâce à l’outillage 3D et la maquette numérique.
La maquette dite « de soufflerie » fut réalisée pour évaluer la résistance des douze voiles de verre aux vents et aux tempêtes. Cette maquette d’étude rassemble des centaines de capteurs permettant de reproduire les conditions de poussée du vent pouvant s’exercer sur les 3600 panneaux de verre assemblés sur les 12 voiles.
« A l’image du monde qui change en permanence, nous voulions concevoir un bâtiment qui évolue en fonction de l’heure et de la lumière afin de créer une impression d’éphémère et de changement continuel » Frank Gehry
Plus d’information sur le musée : Fondation Louis Vuitton
Retrouvez notre sélection de reportages dédiés à l’ARCHITECTURE
©Guillaume Rousselle
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