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Qu’est-ce que, ce que nous disons sur Johnny, dit sur nous.

Publié le 11 décembre 2017 par Pierre Thivolet @pierrethivolet

Qu’est-ce que, ce que nous disons sur Johnny, dit sur nous.

De Johnny à Booba: Une simple question de générations ? 


C’est une conversation saisie au vol dans un supermarché, entre le rayon fromages et celui des yaourts à l’heure où se déroulait l’hommage à Johnny. L’une : Quand je pense que je suis obligée de faire le réassortiment. Je préfèrerais être à la Madeleine. L’autre : Et tu y aurais fait quoi ? Il est dans un cercueil.Un troisième : Et tu aurais rien vu, c’est blindé de monde. La première (vraiment fâchée) : C’est mon idole. J’ai vieilli avec lui. L’autre : Moi je préfère Sardou. Un autre : Pfuiittt, moi j’écoute pas ça, je préfère le hip hop. Et BoobaToute la France rendait hommage à Johnny. Les scènes à la télé étaient impressionnantes. Des centaines de milliers, un million de personnes. L’hommage était plutôt bien. Pas de couacs. De vraies émotions, une belle cérémonie. Le Président a joué son rôle, discours à l’extérieur de l’église, pas de signe de croix avec l’eau bénite. Ses gestes étaient scrutés, la laïcité a été respectée. Toute la France donc, était là. Même ceux qui n’auraient pas voulu. Parce qu’il était difficile d’y échapper. Tous les media diffusaient en direct la cérémonie, et en boucle des spéciales, des rétros, des témoignages. A moins d’être en voyage au fin fond du Rajahstan ( par exemple, mais on pouvait simplement aller en Allemagne ou en Espagne) , difficile d’échapper à Johnny. De résister à la tentation de cliquer sur un exclusif, sur les 5 choses que vous ignorez sur Johnny, sur « Et pourquoi il a choisi Saint-Barthélémy ? ». Tiens voilà une décision qui divise. D’un côté les fans qui auraient aimé pouvoir aller en pèlerinage sur sa tombe comme pour Dalida, Jim Morrison ou Claude François. Et Saint-Barthélémy, ça fait nettement plus cher que Dannemois dans le 91. De l’autre, il y a ceux qui trouvent ça très bien, c’est « comme Brel, enterré aux Marquises ». Ceux-là apparemment ne connaissent ni les Marquises, ni Saint-Barth, le seul point commun entre les deux, étant d’être des îles. Mais l’une naturelle et authentique et l’autre bétonnée et jet-setisée.Toute la France était donc là . Sauf celle qui sur Deezer, Instagram, snapchat ou Booska se rue sur le dernier album de Booba, disque d’or en une semaine grâce au téléchargement. Booba dont on vante le « flow » et les punchlines qui ne cessent de mettre sur un « Trône » un machisme bodybuildé, mysogine et homophobe. De « J'mets la capote sur ma bite et sur ma Lamborghini » à « J'vais bien t'baiser et t'auras pas à lâcher une thune
T'es témoin d'un mariage gay entre une Kalash' et une plume
T'en as deux, une dans la bouche et l'autre dans le croissant de lune 
».
On est loin de Oh ! Marie… On est loin de Johnny. Comme si ce n’était pas le même siècle, la même France. Ces derniers jours, la France du XXI ème siècle semblait absente de ces moments d’émotion nationale. Comme elle l’était aussi en partie dans les manifestations après les attentats il y a deux ans.


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