Mais quoi ?
Tout ce qui allait se produire aujourd'hui et demain encore, j'y ai pensé avant hier en découvrant la dernière publicité pour le TGV, "Plus de vie dans votre vie" comme si l'une révélait l'autre ou y renvoyait automatiquement.
Vous n'y étiez pas et vous ne comprenez pas bien où je veux en venir.
Voici quelques (bonnes) raisons d'en parler :
- Vous auriez vécu une vraie Expérience : de ces expositions "coups de poing" qui ne vous lâchent pas de si tôt, dérangeantes, stimulantes, esthétiques, qui restent accrochées à votre mémoire et grandissent en vous sans que vous le sachiez.
- Un thème visionnaire (c'est aujourd'hui que j'en prends vraiment conscience), décrit par le directeur artistique de l'époque Joan Fontcuberta "Réels, Fictions, Virtuels" ou l'écriture des apparences : à l'origine la photographie a dû se rapprocher de la fiction pour démontrer sa nature artistique, et son objectif prioritaire a consisté à traduire les faits en souffles de l'imagination. En revanche, aujourd'hui, le réel se confond avec la fiction et la photographie peut refermer son cercle : rendre l'illusoire et le prodigieux aux trames du symbolique que finissent par devenir les vrais producteurs de la réalité".
- Des artistes, à l'époque naissants aujourd'hui largement reconnus, qui avaient déjà tous capté une part de notre fictioréalité actuelle :
- La notion d'identité active, masquée, transformée avec Claude Cahun, Cindy Sherman, Ralph Eugene Meatyard (le masque et le miroir, la transformation des corps),
- Wegman et ses sortes de contes moraux à la fois dérisoires, drôles et angoissants autour de la condition humaine et de la catastrophe vers laquelle nous courons, tout en pensant à une blague,
- Nancy Burson et son Vote-face, une série de visages normaux ou déformés par la maladie qui nous interroge sur le Beau. Pour l'artiste, tous les visages sont beaux (cela ne vous rappelle rien ?),
- L'homme des labyrinthes avec les photographies de Pierre Cordier inspirées des écrits de Borgès etc, etc...
Ils avaient déjà tout dit ou presque...J'entends parfois des "confrères" parler de Picasso et Gaudi comme source de réflexion pour reconsidérer la vision d'un problème ou d'un contexte... Ils ont mille fois raisons et mille fois tort.
Mille fois raisons car ce sont deux artistes tellement connus et reconnus qu'il est plus facile de les utiliser pour légitimer une démarche de "déplacement du regard".
Mille fois tort car le "déplacement du regard" passe aussi par l'ouverture... à des artistes justement moins connus ou des domaines artistiques moins souvent abordés (photographie, danse etc...)...ou tout simplement, à l'écoute de notre environnement quotidien.
Réels, Fictions, Virtuels, où en sommes-nous ? Entre Réalité augmentée ou hyperréalité ?
Des éléments de réponse peut-être cette année avec les Rencontres d'Arles 2008 dont le directeur Artistique n'est autre que Christian Lacroix (un arlésien) : " Ceux qui s'attendent à un Festival Fashionnita auront le droit d'être déçus. D'ailleurs qu'est-ce que Mode veut dire aujourd'hui ? J'aimerais mieux le masculin, un Mode d'être de se montrer et de paraître. Alors ne pas s'arrêter aux poses et postures, aux étoffes et aux fards, mais gratter sous la peau, sous le regard, pour approcher au plus près ce qui parmi ces millions ou milliards d'images qui me sont passées par la rétine, ont provoqué l'oeil (...) Rien de pus grave que la futilité comme disait Cocteau qui s'y connaissait. Rien de plus essentiel que l'accessoire. Ceux que j'ai invités viendront parler au-delà d'un défilé, d'un décor...nous parle d'identité, d'absence, de présence, de petite mort, de vie, d'hier, de maintenant, d'ici et d'ailleurs"