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Alors que l'année n'est pas encore terminée, les chiffres enregistrés des suicides au sein des forces de l'ordre sont dramatiques. En novembre 2017, cinq policiers et un gendarme se sont donnés la mort. Face à cette nouvelle "gangrène" qui ronge la police, Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur a déclaré vouloir "renforcer" ce qui a été amorcé par Bernard Cazeneuve en 2015 concernant l'efficacité des mesures visant à prévenir le suicide chez les forces de l'ordre.
Ce phénomène touche toutes les branches de la police, les agents de la BAC et les CRS. Les professions dans les forces de l'ordre restent avant tout des métiers à risque. En effet, l'exposition, le stress au travail, le manque de soutien de la hiérarchie ou encore la violence psychologique et physique constante et palpable sur le terrain poussent certains policiers à mettre fin à leurs jours.
Nous sommes allés à la rencontre de Maud Bardin, policière en région parisienne qui a accepté de revenir sur les difficultés de son travail et la perte de son collègue. "Je travaille en Seine-Saint-Denis, je sécurise les quartiers difficiles. Originaire de Clermont-Ferrand, je n'étais pas prête à autant de violence, j'ai demandé à plusieurs reprises ma mutation mais l'administration a refusé. On se fait insulter, balancer des pierres dessus et parfois nous sommes victimes de vrais guet-apens pour, comme ils disent, "casser du flic". C'est à partir de là que débute la descente en enfer. En automne 2013, comme beaucoup de policiers dans mon cas, j'ai suivi pendant deux mois une thérapie à Courbat, suite au suicide de mon collègue et ami. J'ai eu beaucoup de mal à faire face à sa disparition, je me suis toujours dit que ça pouvait être moi à sa place. C'est un véritable problème de société qui est tabou mais bien réel. Le plus dramatique dans l'histoire c'est que la majorité des suicides sont fait avec l'arme de service".
Le Courbat est un centre de santé unique en France qui accueille des policiers souffrant de dépression nerveuse. 80 hectares sont mis à leur disposition en pleine nature, loin de leur quotidien. Ici, les policiers épuisés par leur travail ont tous un suivi psychologique, des thérapies de groupe afin d'échanger sur leurs expériences douloureuses, des séances de relaxation voire de méditation afin d'apprendre à avoir du recul avec ce qu'on peut voir et entendre. De nombreuses activités sont organisées comme des ballades à cheval, l'interaction avec les animaux est thérapeutique ou encore des cours de dessins afin de communiquer à travers les arts plastiques. Les cures durent en fonction de l'état de santé du patient et surtout de son aptitude à retourner sur le terrain. D'après le centre, en moyenne 80% des policiers reprennent leur poste.