En effet, au cours de ces dix années, les deux Irlandais ont énormément travaillé leur passion pour la musique et la culture club underground, avec une influence parfaitement intégrée car tout à fait subtile de leurs aînés, notamment Aphex Twin et Laurent Garnier qu’ils citent en premier.
Longtemps joué lors de leurs prestations live en tant que DJs, le premier single « Aura » est également le titre de clôture de Bicep. C’est d’emblée un morceau résolument tourné vers les clubs, avec un accent particulier pour leur amour de tout ce qui touche aux synthétiseurs. L’intro du morceau me rappelle effectivement les sonorités de Laurent Garnier, et en l’occurence le morceau « Dangerous drive » de son album Unreasonable Behaviour qui remonte à 2000.
Globalement, l’ambiance de l’album est autant liée au dancefloor qu’à l’écoute plus intimiste à la maison ou au casque. Aussi se dégage-t-il une énergie lâche, brute, qui s’entremêle assurément avec une certaine finesse artistique plutôt contemplative.
S’il y a des morceaux entièrement instrumentaux, les voix font aussi des apparitions très efficaces, comme c’est le cas sur le langoureux « Vale » aux accents house certains. Autre exemple, « Rain » me fait irrémédiablement pensé aux dernières production de Four Tet, avec cette voix qui semble venir d’Extrême Orient comme sur « Morning side » dans Morning/Evening en 2015. Ah, oui, c’est vrai : je suis en train de vous parler de l’album en allant de la fin au début !
À l’écoute de « Spring », j’ai carrément l’impression d’entendre… Plastikman, celui des premiers albums, Sheet One et Musik, il y a plus de vingt ans ! Un superbe hommage avec une production davantage en accord avec les sonorités actuelles. Ou alors est-ce en fait plutôt Aphex Twin et Selected Ambient Works 85-92 ? Personnellement, je pense que le morceau « Kites » doit être celui qui se rapproche le plus de ce que la légende de l’électro a pu créer avant eux.
En moins de deux minutes, « Vespa » me fait cette fois-ci penser à une autre référence : Burial. De même, le splendide « Glue » possède dans sa construction des éléments sonores proches, une ambiance nocturne à la Untrue, son chef-d’œuvre de 2007.
Ne vous détrompez pas, si j’ai bien reconnu certaines influences, réelles ou rêvées, le duo Bicep possède un talent tel que de bout en bout on se sent à l’aise, rassuré, et pourtant malgré tout en terre inconnue.
S’agira-t-il d’un coup d’éclat ou du début d’une nouvelle page de l’histoire de la musique électronique ? Pour l’heure, je savoure avec délectation… Ahhh, cela faisait depuis longtemps et un certain Amon Tobin que je ne m’étais accroché à un artiste de l’écurie Ninja Tune, ce qui ne peut être que bon signe !
(in heepro.wordpress.com, le 07/12/2017)
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