Cette équipe de l'Université du Nouveau-Mexique révèle, à travers une large méta-analyse, comment le stress pendant la grossesse affecte la taille du bébé à travers des données de croissance en raison de l'adversité au début et à la fin de la grossesse. Ces conclusions, issues de l'étude de 21 espèces de mammifères confirme que les bébés sont physiquement affectés par le niveau de stress de leur mère pendant la grossesse. Des données présentées dans les Actes de l'Académie des Sciences américaine qui confirment ceux de précédentes études ayant documenté l'adversité in utero comme un facteur de développement, mais pas toujours dans le sens que l'on imagine...
Les chercheurs des universités du Nouveau-Mexique et de Göttingen nous livrent ici une hypothèse qui explique des modèles très variables de taux de croissance en fonction du stress prénatal : " L'idée principale est que le stress prénatal affecte la progéniture de 2 manières différentes selon la période du stress pendant la grossesse, et avec des résultats différents avant la naissance, après la naissance et après le sevrage ", explique Andreas Berghänel, anthropologue à l'Université du Nouveau Mexique et auteur principal de l'étude.
- Le stress maternel prénatal au début de la grossesse/gestation entraîne une reprogrammation complète du fœtus pour faire face à une " espérance de vie réduite ". La croissance du bébé se fait alors plus rapidement pour assurer sa survie, et sur un plan évolutif, sa reproduction. Une fois sur cette voie de croissance rapide, la progéniture sous stress maternel prénatal reste sur cette trajectoire même après le sevrage et donc dépasse généralement la taille habituelle pour l'âge et cela tout au long du développement.
- Le stress maternel prénatal à la fin de la grossesse/gestation amène les mères à investir moins d'énergie dans leur progéniture, ce qui entraîne une croissance plus lente dans l'utérus et pendant la petite enfance.
- Une fois que le bébé a atteint son indépendance nutritionnelle, il n'est plus affecté directement par la santé de sa mère et, par conséquent, il reprend sa croissance au même rythme que les autres bébés.
- En conclusion, le stress maternel ralentit la croissance du bébé tant qu'il est dépendant de sa mère.
Tous les facteurs de stress se valent : Les différents facteurs semblent avoir un effet comparable, quelle que soit l'expérience subie, que les mères aient été exposées directement à des facteurs de stress ou à d'autres adversités ou aient vécu des situations difficiles entraînant une augmentation des " hormones de stress ", en particulier du cortisol, les schémas de croissance de leur progéniture au cours du développement apparaissent identiques.
Ces données permettent de mieux comprendre différentes trajectoires de croissance et de développement. Ainsi, elles peuvent expliquer pourquoi les filles de foyers plus démunis commencent leurs cycles menstruels plus précocément. Ou pourquoi les enfants non allaités, nourris au lait maternisé, ont un risque accru d'obésité.
Le stress maternel pendant la grossesse entraîne de nombreux effets sur la physiologie du nourrisson qui se prolongent jusqu'à l'âge adulte. Ces différentes études empiriques, prise en compte dans l'analyse, isolent donc plusieurs facteurs, le moment du stress prénatal, l'investissement maternel et des effets de plasticité ou d'adaptation de la croissance comme pouvant impacter le développement du bébé exposé in utero au stress maternel.