Sauf à ne plus avoir de batterie sur son smartphone, que votre téléviseur soit tombé en panne et que vous ne puissiez capter aucune station de radio, vous ne pouvez avoir manqué l’information du jour ; le lendemain du décès de l’académicien Jean d’Ormesson, Johnny Hallyday nous a lui aussi quitté. Deux bêtes de la scène médiatique, dans deux styles différents. Dans un cas, une oeuvre perdurera, dans l’autre un personnage va survivre. Comment ? Merci les médias.
Effectivement l’homme, Jean-Philippe Smet, n’est plus, mais ce qui avait pu être imaginé à la pensée prémonitoire de la disparition de Johnny Hallyday est en cours de réalisation. Dans une analogie de style avec le décès en 2009 de Michael Jackson, il s’avère que celui-ci paraît et paraîtra plus vivant que jamais, plus contemporain qu’on ne puisse l’imaginer.
Au-delà de la profusion d’hommages, reportages, réactions, retransmissions et autres dispositifs en cours et à venir, l’émotion portée par cette disparition tend à consolider le socle de notoriété d’une personnalité qui était déjà de son vivant trans-générationnel comme le précise Virginie Spies (Maître de Conférences – Sémiologue – Analyste des médias) ci-dessous.
« Les français le connaissent depuis sa jeunesse. Il a donc accompagné plusieurs générations, traversé les époques, et l’une des fonctions des médias étant d’accompagner notre agenda, Johnny a parcouru la vie de nombreux d’entre nous…
L’amour ensuite : serial lover, le chanteur a alimenté la presse au-delà de ce qu’elle pouvait espérer : Sylvie Vartan, Nathalie Baye, Adeline Blondieau et enfin Laetitia. A chaque histoire ses petits récits, ses rencontres et ses peines.
Les 2 premiers enfants également, devenus des personnalités de la chanson ou du cinéma, et chacun ayant alimenté à leur tour les « gazettes ». Les 2 derniers enfants, permettant d’écrire un récit médiatique autour de l’amour et de l’adoption…
Les deux derniers points (amour et descendance) sont propices pour alimenter les récits médiatiques car ils permettent de développer des histoires à travers de nouveaux « personnages »…
Et Laetitia enfin, personnalité qui intéresse les médias, et qui a très bien compris comment s’adresser à eux, via les réseaux sociaux notamment. Cela fait d’elle une personnalité appréciée du public.
C’est pour ces différentes raisons que Johnny Hallyday est une star médiatique ET un people, un « phénomène social total » dans le sens où, au-delà de l’aspect artistique, il touche toutes les catégories de publics et la totalité des médias. », Virginie Spies
Et c’est au travers de toutes ces dimensions narratives, des nombreuses archives disponibles et de l’accompagnement quasi quotidien de Johnny Hallyday auprès d’une part non négligeable des français que son être médiatique, son personnage de rockeur absolu va continuer de nourrir un souvenir, de construire une légende qui, de son vivant, était déjà puissante. Le phénomène va sans doute s’accélérer encore tant les oeuvres de Johnny Hallyday prennent désormais une dimension patrimoniale, qu’elles vont être évoquées sous l’angle du souvenir et inonder de fait des générations ayant sans doute déjà une connaissance du personnage et qui désormais vont avoir la culture de ses chansons.
Et dans la profusion d’indices médiatiques et culturels déposés par Johnny Hallyday au cours des décennies, on peut sans beaucoup de doute parier que la présence médiatique de Johnny Hallyday va, dans les mois et années à venir, s’intensifier, faisant de son oeuvre l’angle unique d’une appréciation un tant soit peu énamourée et continuer de nourrir des générations à venir de son être.
disparition Johnny Hallyday Réflexion souvenir 2017-12-06 jotbou