Aucun procès, fut-ce d'intention, ne peut se dispenser de cette remise en question... de ce débat contradictoire, car il renferme une contradiction.
Aucun protagoniste n'est à l'abri d'une erreur, d'une horreur judiciaire.
Coupable ou non coupable ?
En attendant la petite Maëlys est introuvable !
Ce qui rend le crime a proprement parlé, improbable.
Le procureur a désigné le coupable. C'est son intime conviction, lui, qui pour décharger nous autres victimes, croit être le seul chargé de l'ordre et de la raison.
Et il n'est là que pour rendre justice quitte à enfoncer ou défoncer le premier suspect advenu.
L'avocat, lui n'est pas pressé de rétablir la vérité mais de protéger celui qui a mis son destin entre ses mains. De défendre et empêcher l'accusation de le confondre... notamment en attestant que tout jugement prétendument déterminant au sujet de son client n'est en réalité qu'un jugement réfléchissant, un jugement du sentiment.
La petite Maëlys a été assassinée, estime le procureur en rassemblant tous les faits troublants mis à sa disposition. Rien n'est moins sûr rétorque la défense : les faits sont peut être troublants mais non accablants pour l'inculpé.
Le procureur ment, l'avocat dément et inversement !
Il n'y a pas mort mais enterrement de toute chance de la retrouver vivante. Et cette balle on risque de se la renvoyer longtemps, car l'offense comme la défense ont le plus grand mal avec le bon sens.
La souffrance des parents est mise entre parenthèses, et tant pis pour tous ceux qui s'y identifient.
Mais tout le monde va devoir supporter ce bras de fer entre thèse et antithèse. Irréconciliables tant qu'on n'a pas retrouvé le corps de la petite fille...
Le drame c'est que les investigations ne sont pas seulement policières ou judiciaires, elles sont surtout médiatiques, journalistiques... télégéniques, c'est du marketing.
L'intrigue est vendue à l'opinion comme un feuilleton qui n'est pas prêt d'avoir un dénouement digne de ce nom. Pas assez de preuves, c'est le sous-titre de ce genre d'épreuve.
Classique ou basique comme scénario : on fait planer le doute parce qu'on redoute la vérité qui n'est jamais rentable commercialement.
BFMTV participe à l'enquête, anticipe les requêtes et se remet chaque jour en quête de nouveaux annonceurs.
On viole l'instruction et on instruit un viol, qui n'a peut être jamais eu lieu.
Mais c'est l'imaginaire populaire qui est mis à contribution pour rendre la Justice participative, collaborative... et donc communicative.
L'énigme est payante, pour ne pas dire exaltante.
L'inculpé n'est pas un serial-killer mais un dealer.
Il n'a aucun antécédent pédophile... il n'est pas coupable mais victime d'un concours de circonstances...
Et même sa brève rencontre avec la petite Maëlys ne relève que du caprice du hasard...
Cependant, il risque la peine capitale parce qu'il était là, au mauvais moment et au mauvais endroit, à faire ce qu'il n'aurait pas dû faire : s'absenter pendant la soirée, couper son portable, laver sa voiture, perdre son pantalon... et avoir la même voiture que celle qui fut photographiée avec une silhouette tout de blanc vêtue à la place du mort...
Il clame son innocence, à juste titre selon son avocat adroit, en vain selon le procureur maladroit... je veux dire malade du droit.
Sur les réseaux sociaux, les nouvelles ne manquent pas d'à-propos... on parle de trafic d'organes, de commerce de jeunes filles en fleur, de traite d'une blanche, d'une affaire scabreuse qui ne sera jamais élucidée... parce que les puissances de corruption y sont sans doute impliquées. En somme, plus ça va et plus c'est compliqué... pour le bon sens qui réside bien loin de chez nous!
Et pourtant la solution est sous vos yeux,
Ouvrez-les et vous la verrez comme un pied de nez au milieu de toutes ces figures de style !