Ce faisant, ils confirment qu’ils font partie des espèces de primates les plus évoluées.
D’abord, parce que ceux qui s’opposaient violemment, il y a encore quelques jours, ont accepté de se réconcilier pour faire cause commune.
Tous les primates n’ont pas cette capacité.
Le primatologue Franz de Waal a noté un taux de réconciliation beaucoup plus faible par exemple chez les macaques rhésus. Dans cette espèce, un conflit sur cinq seulement est suivi par une réconciliation, alors que chez les macaques arctoïdes le taux de réconciliation est de 56%. Or il a observé dix-huit fois plus de conflits graves internes chez les rhésus que chez les arctoïdes.
D’une manière générale, les espèces les plus enclines à se réconcilier enregistrent moins de conflits que les autres.
En primate éclairé, Obama a bien compris que le prix pour assurer la paix et la cohésion au sein de sa tribu démocrate, dans cette période électorale, était la réconciliation avec Hillary Clinton.
Mais surtout, les deux rivaux n’ont pas choisi la méthode la plus facile pour se réconcilier, à savoir la réconciliation implicite. Ce n’est pas étonnant sachant que cette tactique est surtout utilisée par les primates les moins évolués comme les rhésus. Les espèces plus évoluées y ont recours uniquement quand l’enjeu n’est pas très important. C’est-à dire si la réconciliation n’est pas vitale pour les rivaux.
La réconciliation implicite consiste à renouer le contact avec son rival d’hier, sans en avoir l’air… Franz de Waal a observé le manège d’un macaque rhésus. Pour susciter le contact, il faisait croire qu’il avait aperçu une mouche sur l’épaule de son rival et il profitait de l’« occasion » pour se rapprocher de lui et le débarrasser de l’insecte. Le contact était à nouveau établi. En général, le rival en question, trop heureux de faire la paix, ne refuse pas ce contact et feint lui aussi de sentir la mouche sur lui !
Mais Obama, n’est pas un macaque, il n’a pas choisi la stratégie de la mouche.
Il a préféré mettre en scène publiquement sa réconciliation, à la manière chimpanzé, car l’enjeu l’exigeait.
Là où son cousin chimpanzé, affiche sa proximité et sa confiance retrouvées avec son ex rival en se déplaçant "collé serré" avec lui, en l’enlaçant en le groomant (toilettant), voire en simulant une copulation avec lui, Obama a accepté de partager son avion avec Hillary, il a rendu hommage à son travail, avant de l’embrasser publiquement.
Il est allé jusqu’à porter une cravate (symbole sexuel bien connu) assortie à la couleur du tailleur pantalon bleu canard d’Hillary, histoire de mettre en scène sa proximité avec elle, conformément à l’adage populaire « qui se ressemble s’assemble ».
Il a même fait un don à Hillary, un chèque de 2 300 $. Chez les chimpanzés aussi un don peut sceller un accord important. Le "cadeau" s’inscrit toujours dans le principe de la réciprocité. Si un chimpanzé prête main forte à un autre, il attend que celui-ci l’aide en retour.
Si Obama offre un cadeau à son ex rival, en retour, il attend d’elle qu’elle lui donne un coup de main pour se débarrasser de leur rival commun, Mc Cain. Là encore, on retrouve une stratégie bien connue des chimpanzés, l’alliance de deux dominants contre un rival commun.
Mais certaines alliances peuvent finir dans le sang, en témoignent Yéroen et Nikkie, Après une période de longue fâcherie qui a permis à leur rival commun, Luit, de prendre le pouvoir, ces deux dominants chimpanzés ont décidé de se réconcilier. Pendant la nuit, ils sont allés attaquer Luit et l’ont laissé pour mort, dans une mare de sang !
Espérons que la réconciliation Obama-Clinton n’aura pas les mêmes effets !