Rocknfool : Il paraît que les mois qui ont précédé la naissance du projet Futuro Pelo ont été difficiles pour toi. Pourtant à l'écoute, ton premier EP, Bluff, respire la joie de vivre. Est-ce que c'est une sorte de revanche ?
Futuro Pelo : Ce ne sont pas les mois, ce sont les années ! Non, en fait c'est ce que je sais faire. Sporto Kantes c'était un peu ça aussi. J'ai des banques de samples que je complète au fur et à mesure des années et je pioche dedans. Y'a rien de prémédité. Les gens les plus clowns sont peut-être les plus désespérés.
Au tout début comment as-tu défini le projet ?
Quand j'ai arrêté Sporto Kantes, il a fallu que je me redéfinisse. J'ai essayé plein de trucs : des collaborations avec des gens, je suis parti dans plusieurs directions musicales, des choses plus acoustiques, plus électro, et puis finalement je suis revenu sur quelque chose qui m'est vraiment propre : cette bidouille de samples à l'ambiance tropicale.
Ton alter ego est un certain Monsieur Bouche. Tu as un rapport particulier au corps ?
Pour Monsieur Bouche j'étais en Espagne, j'étais pas très bien dans mes baskets et j'ai fait ce dessin d'un personnage qui n'arrivait pas à s'exprimer. C'était juste une bouche un peu dégoutée. J'ai bien aimé le développer pour ce projet.
" Dans mon ordinateur, j'ai des milliards et des milliards de samples "
J'ai écouté tout l'été le titre " Bluff ". C'était le tube de l'EP ?
C'est marrant parce que moi je pensais que c'était le titre qui allait le plus marcher et en fait c'est " Swamp ". " Bluff " a été beaucoup joué sur les radios, mais sur France Inter c'était " Hands " et sur Nova c'était " Swamp ".
Et " Adventure " ?
Et " Adventure " rien(rires). C'est un mélange avec un peu plus de chanson, moins de bidouille, et qui devient très électro.
Les samples que tu bidouilles, tu les trouves où ?
Partout. Sur Spotify, YouTube, dans des films, des documentaires, etc. Maintenant dès que j'écoute de la musique je me dis " ah ! " et je le note. Dans mon ordinateur j'en ai des milliards et des milliards, dont certains que je n'utiliserai jamais. Depuis Futuro Pelo j'ai commencé à tout noter, à les classer, d'abord par éthique au niveau des droits et puis surtout pour les retrouver rapidement.
" Les gens les plus clowns sont peut-être les plus désespérés "
Tu es né et a grandi à Paris. Quels sont tes souvenirs de ce quartier qui accueille le MaMA ?
C'était la zone. J'habitais rive gauche et quand on venait ici c'était pour la musique, pour acheter des instruments. C'était encore très très populaire dans les années 1980. C'est fou comme subitement ça s'est gentrifié. C'était des vrais endroits de vie à l'époque. À Pigalle il y avait l'Élysée Montmartre, la Cigale. À la place des Trois Baudets il y avait l'Exotica ou l'Erotica, vachement bien. On a joué au New Moon, place Pigalle, maintenant c'est un magasin bio je crois, c'était une vieille boîte de cul. Quand la Mano Negra a fait leur tournée Pigalle, ils sont passés dans tous les clubs du quartier, ils ont dû faire 20 dates en une semaine, c'était génial.
Tu as un disque en préparation pour 2018 ?
On va sortir un deuxième EP pour installer le projet. Je viens d'envoyer 35 morceaux au label, on est en plein dedans !
► Bluff, de Futuro Pelo,EP disponible depuis le 7 avril 2017 chez Pain Surprises & Délicieuse Records.
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