Le Sushi le savait, le Sushi s’en doutait, le Sushi ne voulait rien admettre, mais il y fut forcé. La période d’attention du Sel de sa vie cessa. Et cessa brutalement.
Alors qu’il avait été prévenant et attentionné, il redevint froid et distant. Peut-être même plus froid et distant que d’ordinaire. Après quelques jours à observer les étoiles, la chute - bien que prévisible - fut douloureuse.
Le Sushi est niais, il n’arrive pas à se blinder émotionnellement. Il devrait savoir depuis le temps que le Sel de sa vie ne fonctionne pas comme lui. Il devrait s’y être habitué. Il ne devrait pas attacher trop d’importance aux moments où il sent de la tendresse et de l’affection dans son regard. Ou alors il devrait y accorder de l’importance sur le moment, et l’oublier ensuite pour ne pas y repenser lors des instants de nostalgie. Devrait-il oublier sa sensibilité?
Mais occulter ces moments, ce serait comme occulter les raisons qui font que le Sushi reste avec le Sel de sa vie. Ces moments où il se sent beau, où il se sent grand, où il se sentirait presque exceptionnel. Ces moments où il se sent aimé.
Toujours est-il que le Sushi a retrouvé son statut d’objet plus ou moins - plutôt moins que plus - décoratif dans un home sweet home en chantier. Qu’il sait que les étoiles reviendront - elles reviennent toujours, après des périodes d’absence de plus en plus longues - et qu’il lui faudra savourer ce moment. Qu’en attendant, il lui faut se faire discret. Loin des étoiles, il ne sait plus où est sa place. Il ne sait pas ce que le Sel de sa vie attend de lui. Il ne sait pas pourquoi il est toujours là.