Un restaurant italien entre deux eaux.
Au départ, il y a tout pour plaire. Un hôtel de luxe niché dans un immeuble du XIXème siècle, dans une rue calme à quelques pas des Champs-Elysées. Discrétion extérieure (pas d’armada de voituriers et de bagagistes au garde à vous) et sérénité intérieure, le chic italien à tous les étages comme sait le faire la « Roberto Naldi Collection » qui possède déjà quelques hôtels en Italie. A Paris, 12 suites et junior suites, basta. On nage donc dans un élitisme de bon ton.
En septembre dernier, l’Hôtel Splendide Royal décide d’ouvrir un restaurant, italien bien sûr, et pour se faire appelle le chef Michelino Gioia, ex étoilé du restaurant Le César dans l’hôtel Posta Vecchia, à Ladispoli (Italie). Francesco Ciaramella dirige la salle, après avoir géré celle du Carpaccio au Royal Monceau. Une équipe performante de professionnels bien sous tous rapports.
La salle, toute en longueur avec une entrée directe sur la rue, rassemble tous les codes d’un luxe de bon aloi, avec une décoration un peu chargée, des fauteuils un peu envahissants et lourds, des petits napperons personnels sur les tables, et des superbes fenêtres à petits carreaux. Carte du midi plus « simple », carte du soir plus gastronomique. Prenons le déjeuner.
Carte courte, étonnante, sur des plats à tendance gastronomiques aux énoncés plutôt déroutants par rapport à la moyenne nationale et parisienne des restaurants italiens.
La pizza fritte par exemple est une pâte à pizza gonflée, ancienne spécialité de Naples de petite taille à manger durant la journée, ici boursouflée comme un gros gâteau et rempli de sauce bolognaise, finalement peu engageante. Un plat un peu grossier et particulièrement nourrissant.
Morue, haricots blancs borlotti, brocoli de Sicile. Le plat n’est pas très joli à cause de la sauce/purée de haricots borlotti, ces haricots roses typique du minestrone mais qui deviennent d’un violet léger à la cuisson. En fait, des cuillerées de brandade de morue pas du tout salée, dans une sauce violette et des têtes de brocolis al dente. Agréable ma non troppo…
Les italiens aiment la friture, légère et craquante. Celle de calamars, gambas, et légumes de saison, est une orgie de friture servie étonnamment avec une sauce aigre-douce aux tonalités asiatiques. On se régale à piocher dedans et avec les doigts, s’il vous plait. Un plat joyeux, riche et délicieux.
L’Italie sans pasta c’est comme un jour sans pain, une histoire sans paroles, Jacob sans Delafon, sans queue ni tête et sans dessus dessous. Bref, ce n’est plus l’Italie et sa nourriture ombilicale.
Au Tosca, court mais beau choix de pâtes peu courantes : Tagliolini, spaghetti Verrigni, une marque qui fait sécher ses pâtes dans des petites pièces chauffées entre 45 et 50°, également des maccheroni, les autres étant des pâtes fraiches fabriquées sur place. Celles à l’Amatriciana ressemblent à des grosses tagliatelles et le plat est formidablement bon. Cuisson parfaite (pas trop al dente d’ailleurs ce qui est bien) et une sauce Amatriciana d’anthologie, pleine de saveurs. Perfecto.
Tiramisu moelleux et succulent mais encore avec une touche personnelle du chef qui le sert en verrine avec une base de biscuit de Savoie, rappelant ainsi que cette province leur appartient de cœur.
La Cassata siciliana est démontée et remontée avec un biscuit génoise, ricotta, fruits confits, et glace à l’amande. Compliqué mais agréable.
Carte des vins riche et variée à des prix pas faciles mais avec des vins au verre plus abordables, et un service très présent qui ne joue pas à l’italien sympa et joyeux.
Un italien qui hésite, dirait-on, entre le populaire et le haut de gamme, le gastronomique et la simplicité, sans vraiment trouver sa voie, surtout au déjeuner. Alternance de plats un peu bancals, mal fagotés, et de réussites originales et bien tournées. Rien qui ne déçoit vraiment mais rien qui transporte et provoque l’enthousiasme. Un restaurant entre deux eaux et attention à ne pas tomber du mauvais côté.
18, Rue du Cirque
75008 Paris
[email protected]
T. (+33) 1 43 87 10 10
M° : Champs-Elysées-Clémenceau
Voiturier
Fermé dimanche et lundi
Menu Dégustation : 85 € (7 plats)
Carte Déjeuner : 70 € environ, pour 3 plats
Carte Dîner : 80 € environ, pour 3 plats