Conviction. La dernière grande tentative de débat sur ces questions remonte à 1984, quand plusieurs femmes avaient osé relever la tête: Yvette Roudy, Benoîte Groult, Anne-Marie Houdebine et quelques autres linguistes féministes. Face à elles, se dressa une déferlante sexiste menée par les barons de l’Académie française et quelques figures importantes: Claude-Lévi Strauss (eh oui), Georges Dumézil, Maurice Druon, Jean Dutourd, Alain Peyrefitte… Derrière le combat sur la féminisation de la langue, c’était déjà la progression de la cause des femmes qui était en jeu, d’autant que des expériences menées à l’étranger montraient que des changements opérés sur la langue avaient eu des influences positives. Autant le dire : nous y sommes, car la langue change tout le temps et elle changera encore. Rationaliser les accords, féminiser les titres professionnels, éliminer les expressions ou les règles évidemment machistes, etc. Quel que soit le chemin emprunté et choisi, il est assez peu probable que la société recule désormais. Une conviction augmentée par Alain Rey en personne, qui représente une caution morale, professorale et historique: «Si la réalité sociale évolue, il faut changer le système de représentation qu’est la langue – et ce quoiqu’en dise l’Académie française!» Vaste chantier…
[BLOC-NOTES publié dans l'Humanité du 1er décembre 2017.]