Auteur : Terry Pratchett
Plaisir de lecture :
Nore Noresson, Kreskenn Kelenn, Magma alias Lias Trapp se retrouvent pour former un groupe : puisque ce dernier frappe sur ses cailloux, ils vont jouer de la musique de roc.
Il suffit d’un adepte déchainé par son guitare pour obtenir un public en délire. La Guilde des Musiciens veut mettre fin au succès de ce groupe officieux et importun. Mais tout le monde adhère, les femelles lancent leurs sous-vêtements sur scène et même les mages laissent tomber les robes longues.
« Accros du roc » proposent deux histoires en parallèle. On suivra aussi Suzanne qui va retrouver la trace de sa famille et devoir assumer le rôle qui lui est attribuée. Elle est si discrète que personne ne la voit réellement.
Le troll souleva un gros sac de cuir posé devant lui. « C’est ça moi je joue », dit-il. Un certain nombre de gros cailloux ronds dégringolèrent par terre. Lias en ramassa un et lui donna une chiquenaude. Bam, fit le caillou.
« De la musique avec des kailloux ? s’étonna Kreskenn. Komment vous l’appelez ?
— On l’appelle Ggrouhauga, répondit Lias. Ça veut dire : musique faite avec du roc. (…)
— K’est-ce ke vous faites avek ?
— Je les cogne ensemble.
— Et après ?
— Comment ça, « et après » ?
— K’est-ce ke vous faites une fois ke vous les avez kognés ensemble ?
— Je les cogne encore », répondit Lias, batteur dans l’âme.
On croisera donc les mages de l’Université de l’Invisible d’Ankh-Morpork et notamment son archichancelier Mustrum Ridculle. La Mort sera aussi de la partie et Planteur n’aura pas froid aux yeux. Trolls, nains, humain aux allures elfiques ne seront pas en reste.
Bien que les instruments soient hantés par des esprits de la Musique, le lecteur n’a pas besoin d’être un spécialiste pour y voir un bon nombre de références musicales. Une majorité est dédiée à des groupes rock, exemple : Laide Zibeline, les houes, Au malheur des hommes et I2.
« Accros du roc » a bien mieux fonctionné sur moi que « Les Zinzins d’Olive-Oued », tome où les personnages étaient accros au cinéma (je m’étais ennuyée avec l’intrigue). Ici, il y a des passages qui se partagent émotions et franches rigolades. C’est une critique sur les thèmes de la vie, de la mort et de l’oubli. Et il faut dire que les jeux de mots de Patrick Couton sont à applaudir des deux mains.
— Moi, je souffle dans tout ce que je peux me mettre en bouche, assura Nore.
— Ah bon ? fit Kreskenn. Il chercha un compliment poli. Vous devez faire beaucoup d’heureux.
Il y a les gens du jour et les créatures de la nuit.
Et il importe de se rappeler que les créatures de la nuit ne sont pas simplement les gens du jour qui veillent tard parce qu’ils s’imaginent ainsi davantage dans le coup et plus intéressants. Il faut beaucoup plus qu’une couche épaisse de mascara et un teint pâle pour franchir la ligne de démarcation.
L’hérédité peut arranger les choses, bien entendu.
Il existait bel et bien une rivière dont, d’après la légende, une seule goutte d’eau privait un individu de sa mémoire.
Beaucoup supposait qu’il s’agissait de l’Ankh dont l’eau se boit, voire se découpe et se mâche. Un verre d’Ankh priverait sûrement son consommateur de sa mémoire, ou du moins lui causerait des désagréments qu’il n’aimerait en aucune façon se rappeler.
À vrai dire, il existait une autre rivière qui avait cette faculté. Bien entendu, il y avait un os. Nul ne savait où elle se trouvait car les voyageurs qui tombaient dessus crevaient toujours de soif.
La Mort porta son attention ailleurs.
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Illustrations : #01 Illustration de Josh Kirby ; #02 Illustration de la ‘hardcover’ de Orion Publishin Group ; #04 et #05 Illustrations de Paul Kidby ; #03 et #06 Illustrations de Marc Simonetti.