Le Brio // De Yvan Attal. Avec Camélia Jordana et Daniel Auteuil.
Yvan Attal a réussi à créer un vrai duo entre Daniel Auteuil en vieux bourru aigri et Camélia Jordana, jeune fille de la banlieue qui tente de démontrer que le destin qu’on lui a écrit n’est pas celui qu’elle va suivre. Grâce à des dialogues toujours solides et ciselés, le film ne laisse aucun récit au spectateur. Le charme est là et opère de façon instantanée car les personnages sont bons et qu’ils sont bien charpentés. On se rend bien rapidement compte que l’art de la rhétorique est un élément de suspense intéressant qui peut rapidement devenir jubilatoire. Il y a aussi une bonne dose de tendresse qui se dégage de chacun des personnages que Pierre Mazard, aigri de la vie et légèrement méchant / raciste, est quelqu’un qui au fil du film devient attachant alors que l’on comprend pourquoi il est devenu comme ça. Le film se fait un malin plaisir aussi de casser les clichés de la banlieue en prenant ses clichés un à un pour dire que chacun est maître de son destin. Tout cela passe par un personnage féminin solide et surtout passionnant. Camélia Jordana se donne à fond et tout cela permet de délivrer un truc réellement passionnant. On s’attache à son destin et la façon dont elle tente de s’en sortir entre sa famille, ses études et son petit ami.
Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs préjugés.
Yvan Attal aurait pu être faire des tas d’erreurs mais c’est tout l’inverse qu’il fait. Le film est soigné dans sa mise en scène et dans son scénario, grâce à un casting soigneusement choisi qui lui aussi parvient à servir un sujet qu’il n’était pas simple de mettre en scène. Il y a quelques points d’humour bien servies et des dialogues riches, qui sont capables de moquer le français comme le français de banlieue. Certaines séquences sont cocasses comme la séquence finale du film où Neïla est avocate, ou encore toutes les scènes se déroulant dans le métro. On ne s’ennuie donc jamais, et l’on sent que Le Brio cherche à analyser la société dans laquelle nous vivons en prenant des sujets de thèse qui permettent de confronter le spectateur au monde qui l’entoure. Comme le fameux adage de l’habit ne fait pas le moine. Alors oui, il y a quelques poncifs ici et là mais le film reste juste, même dans des sujets profonds qu’il n’était pas facile d’exploiter. Finalement, Le Brio a beau être un film imparfait, il n’en reste pas moins un beau film qui ne prend pas son spectateur pour un Homme d’inculture, mais au contraire propose de lui mettre en face de lui le monde dans lequel il vit.
Note : 7.5/10. En bref, joli film inattendu.