Cette étude menée sur plus de 400 adultes en pré-hypertension ou déjà hypertendus confirme l'adoption d'un régime alimentaire de type DASH (Diet Foods for High Blood Pressure) -donc déjà reconnu pour ses bénéfices en cas de pression artérielle élevée- et de surcroît pauvre en sel : finalement la combinaison de ces 2 principes, DASH et réduction des apports en sodium semble démultiplier leurs avantages respectifs pour le cœur. Les conclusions, présentées dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC) montrent une réduction considérable de la tension artérielle systolique, en particulier chez les patients avec données systoliques de base plus élevées.
Il s'agit ici de l'analyse des données d'un essai clinique randomisé menée sur cette combinaison de schémas alimentaires, mené par des chercheurs de l'École de médecine de l'Université Johns Hopkins. Cette analyse confirme une efficacité des interventions diététiques généralement supérieure à celle des antihypertenseurs chez les patients les plus exposées à l'hypertension artérielle. Le message des auteurs est donc simple : l'adhésion à ces principes alimentaires devrait être le traitement de première ligne et de routine pour ces patients à risque élevés.
DASH + sel, des bénéfices démultipliés : il est clair que le régime DASH, riche en fruits, légumes et grains entiers, avec produits laitiers à faible teneur en matière grasse ou poisson, volaille, haricots, graines et noix est aujourd'hui bien documenté comme favorable à la santé cardiaque, c'est sa raison d'être même. La réduction du sodium ou du moins un apport alimentaire modéré est également un facteur reconnu de prévention ou d'aggravation du risque d'HTA. Cependant, c'est la première fois qu'une étude teste sa combinaison avec une réduction des apports en sel, chez des adultes atteints de formes précoces ou modestes d'hypertension artérielle.
Mieux que les antihypertenseurs ? L'étude suit 412 adultes, dont 234 femmes, âgés de 23 à 76 ans, présentant une pression artérielle systolique de 120-159 mm Hg et une pression artérielle diastolique comprise entre 80-95 mm Hg, ne prenant pas d'antihypertenseurs et exempts de diagnostic de maladie cardiaque, d'insuffisance rénale, d'hypercholestérolémie ou de diabète au début de l'étude. Les participants ont été répartis pour suivre le régime DASH ou un régime de contrôle pendant 12 semaines. Le régime de contrôle étant basé sur le régime alimentaire américain " normal ". Tous les participants ont également reçu 50 (apport faible), 100 (moyen : limite recommandée) ou 150 (élevé) mmol / jour de sodium (50 mmol / jour = 1150 mg de sodium) dans un ordre aléatoire sur des périodes de 4 semaines. Après 4 semaines, les chercheurs constatent que :
- le groupe à pression artérielle systolique de base > 150 avec régime DASH seul, bénéficie d'une réduction moyenne de 11 mm Hg de la tension artérielle systolique vs 4 mm Hg pour les patients à pression systolique de base < 130, également avec régime DASH ;
la combinaison DASH + réduction du sodium vs régime riche en sodium, permet :
- en cas de tension artérielle systolique < 130, une réduction de 5 mm Hg de la pression artérielle systolique;
- en cas de tension artérielle systolique comprise entre 130 et 139 mm Hg, une réduction de 7 mm Hg;
- en cas de tension artérielle systolique comprise entre 140-149, une réduction de Hg de 10 mm;
- en cas de tension artérielle systolique >150, une réduction moyenne de 21 mm Hg de la pression artérielle systolique.
Les patients à risque d'HTA le plus élevé sont donc les premiers bénéficiaires de ce régime combiné. De plus, les scientifiques constatent que la réduction de tension observée est plus élevée, chez ces patients à haut risque que celle obtenue avec des traitements standards antihypertenseurs...
Un message important pour les patients comme pour leurs médecins qui peuvent donc tirer les meilleurs bénéfices d'un régime alimentaire sain et à faible apport en sodium. Il reste néanmoins à valider ces bénéfices chez des patients à tension artérielle plus élevée, >160 ou chez les patients déjà diagnostiqués