Depuis « l’élection » du président voilà presque deux ans, rien ne va plus au sein de la FNAVM qui existe sous cette appellation depuis 1982 et qui réunissait à l’origine les agences de voyages marocaines qui avaient décidé de se ranger sous sa bannière pour défendre leurs intérêts et plus si affinité. Une association régie par le Dahir 58 et qui a eu ses années de gloire quand le tourisme était encore à ses balbutiements au Maroc.
La Loi actuelle 31-96, oblige l’ensemble des agences de voyages de se constituer en associations régionales, dans chacune des régions créées en vertu de la loi (Article 28). L’article 29 de la même loi, parle d’une Fédération Nationale des Agences de voyages constituée par les associations régionales.
Dans les deux articles, il est question de statuts qui doivent être soumis à l’administration de tutelle pour approbation.
Enfin l’article 30 fixe la mission de la FNAVM :
« – sauvegarder les traditions de probité et de moralité au sein de la profession et établir un code de l’honneur la réglementant, approuvé par la fédération en assemblée générale et par l’administration de tutelle;
– défendre les intérêts moraux de ses membres et ester en justice lorsque les intérêts légitimes de la profession sont menacés ou qu’un de ses membres est mis en cause;
– assurer la gestion de ses biens et créer, organiser et gérer, dans le cadre de la législation et de la réglementation en vigueur, toutes œuvres d’entraide, d’assistance, de mutualité ou de retraite en faveur de ses membres;
– organiser des séminaires et des stages pour la formation continue de ses membres, dans le cadre d’une collaboration étroite avec le ministère chargé du tourisme »
Il est donc clairement établi, qu’il existe des relations très étroites entre les Associations Régionales, la Fédération Nationale et le Ministère du Tourisme qui exerce de part la loi sa tutelle tant sur les associations que sur les membres qui les composent.
Ceci est également valable pour les établissements d’hébergement, les restaurants touristiques et les guides de tourisme.
Le Ministère du Tourisme à donc un droit de regard sur le fonctionnement de ces instances et doit veiller à ce que les statuts soient respectés, les Assemblées tenues et que la loi est respectée.
Ceci dit, plusieurs fédérations et associations des métiers du tourisme souffrent de dysfonctionnements depuis plusieurs années, la Fédération des Restaurateurs dont le Président ne veut pas convoquer d’Assemblée Générale élective et celle des Guides de Tourisme qui n’a plus de Président ni de bureau depuis plusieurs années.
Il faut ajouter à cela, la Fédération Nationale des agences de Voyages qui est en train de subir une implosion en bonne et due forme : Cinq des principales associations qui la compose ont décidé d’un commun accord de geler leurs relations avec elle en retirant leurs représentants.
Du coup, il n’y a plus de conseil d’administration, ni de bureau ni de comité d’éthique et pourtant, le président tient une Assemblée Générale Ordinaire le 27 Octobre dernier, valide son rapport moral et son rapport financier, se donne quitus et envisage la tenue d’une assemblée Générale extraordinaire suivie d’un Congrès National des Agences de Voyages !
Cet état de fait est juste incongru, au moment où le projet de loi des agences de voyages est encore en gestation au SGG et que le Ministère en charge du Tourisme cherche un interlocuteur pour en discuter les principes. D’un coté un président remis en question par la majorité de ses membres et de l’autre coté, des associations majeures qui défendent les intérêts de leurs membres.
Voici un métier qui souffre de la mondialisation, de l’open sky, de la désintermédiation, de l’Uberisation et qui peine aujourd’hui à faire entendre sa voix. Le produit touristique national est majoritairement distribué par les OTA et quelques TO qui par des contrats léonins imposent leurs prix et leurs conditions aux producteurs marocains de nuits hôtelières.
Pour le reste, la découverte du pays, sa nature, sa culture, son histoire et ses hommes, sont laissés au secteur informel qui essaye tant bien que mal de récupérer des miettes avec tout le manque de professionnalisme dont il souffre. Sans compter l’incivisme que cela implique : travail au noir, argent noir, insécurité et au final mauvaise image de la destination.
La position du Ministère face à cette situation est tout simplement incompréhensible. Comment peut il laisser une situation se détériorer à ce point et ne pas réagir ? Comment ne pas chercher à trouver un terrain d’entente entre les protagonistes?
Dans une telle situation, y a t il oui ou non Tutelle ?
La Confédération Nationale du Tourisme, anciennement FNT, a bien essayé d’agir en médiateur à la demande des associations membres, mais devant l’attitude radicale du président, elle a vite compris qu’il ne peut y avoir de dialogue.
La décision des associations en rupture avec leur fédération, de créer un autre espace d’expression autour de sujets importants pour la profession est vitale à défaut d’être légitime.
Cette décision, dans un souci de respect des statuts, passe par une consultation au sens large de leur base et elles sont dans l’obligation de passer par des assemblées Générales extraordinaires pour informer leurs membres de la situation et avoir leur aval pour agir en conséquence. C’est à ce titre qu’elles pourront légitimer leur action et ressouder une profession autour d’un projet.
Il est primordial de se poser la question suivante : Peut on obliger ces associations à rester dans une Fédération qui renie ses principes fondateurs, qui se fourvoie dans le déni et qui au final n’a plus de Fédération que le nom ?