Composé majoritairement de mercure, l'amalgame dentaire ou plombage, continue de faire débat. Tandis qu'un comité scientifique européen le déclarait en début d'année parfaitement sécure et inoffensif, dans un article publié sur son site le 3 juin 2008*, la FDA (Food and drug administration) s'interroge à son tour sur la sécurité sanitaire de ce matériau. Mais de l'autre côté de l'Atlantique, le son de cloche n'est désormais plus tout à fait le même.
Changement de ton
Les habituels propos rassurants sur l'absence de toxicité de l'amalgame dentaire cèdent aujourd'hui la place à la déclaration suivante: "L'amalgame dentaire contient du mercure qui a des effets neurotoxiques sur le système nerveux des enfants en croissance et les foetus". Il est en outre mentionné que l'amalgame libère des vapeurs de mercure quand il est placé dans les dents ou déposé de celles-ci. "Les vapeurs de mercure sont également libérées durant la mastication" précise l'article. Pour mémoire, le rapport du comité scientifique européen ne mentionne pas la mastication comme source de libération mercurielle.
Place aux matériaux alternatifs
Autre différence notoire, alors que le comité européen se livre à une critique en règle des matériaux alternatifs à l'amalgame dentaire, la FDA s'interroge concrètement sur la possibilité de recourir aux matériaux de remplacement afin de réduire l'exposition au mercure des patients et des professionnels de santé. La FDA prévoit de mettre en œuvre d'un programme destiné à évaluer les différences de coût et de remboursement entre l'amalgame et les matériaux alternatifs (composites, autres métaux, céramiques, etc.). La FDA va donc beaucoup plus loin que le comité scientifique européen qui continue d'ériger l'amalgame en matériau de choix. La FDA envisage concrètement de recourir dans un avenir proche aux matériaux alternatifs de biocompatibilité supérieure afin, au minimum, de protéger les personnes les plus exposées à une intoxication mercurielle.
Restrictions d'utilisation
En effet, autre changement majeur, la FDA reconnaît l'existence de "sous-populations sensibles composées d'individus qui répondent biologiquement à des niveaux plus bas d'exposition au mercure que la population générale". Ces populations plus fragiles, car potentiellement plus sensibles à l'intoxication par le mercure, sont : les enfants de moins de six ans, les femmes enceintes et allaitantes, les personnes hypersensibles ou dont l'immunité est atteinte. La FDA envisage d'éditer en juillet 2009 des recommandations spéciales visant à restreindre l'utilisation de l'amalgame dentaire chez ces personnes particulièrement exposées au risque d'intoxication chronique par le mercure.
Revirement spectaculaire
La reconnaissance du mercure dentaire comme une substance potentiellement dangereuse est un revirement sans précédent dans un pays où l'American Dental Association, instance dentaire officielle, défend l'amalgame depuis 1859. Ainsi, outre atlantique, le sempiternel discours sur la sécurité de l'amalgame dentaire est en train de laisser place à une reconnaissance des risques liés à l'emploi de ce poison. Le fait que la FDA oriente son action vers le financement et le remboursement de matériaux alternatifs à l'amalgame est une reconnaissance explicite de la toxicité de celui-ci. Est-ce un premier pas vers l'interdiction de l'amalgame dentaire aux États-Unis ?
Quelques faits
D'après un rapport paru en décembre 2007 (Dental Products Report), 57% des dentistes américains poseraient des amalgames dentaires mais la plupart reconnaitraient en utiliser moins aujourd'hui qu'il y a trois ans.
Depuis 2002, la FDA a classé l'amalgame dentaire dans les dispositifs médicaux de classe II exigeant des contrôles spéciaux. Elle doit émettre de nouvelles règles en juillet 2009 avec de possibles restrictions d'utilisation.
En Europe, la Norvège, le Danemark et la Suède ont officiellement interdit l'amalgame dentaire. Le comité scientifique européen mandaté par Bruxelles ne s'est pas prononcé sur la nécessité de restreindre son emploi chez les femmes enceintes.
125 tonnes de mercure sont posées chaque année dans la bouche des européens.
Substance la plus toxique et la plus polluante après les produits radioactifs, il y a de fortes présomptions que le mercure soit impliqué dans de nombreuses maladies: autisme, stérilité, dépression, fibromyalgie, ainsi que dans des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkingson ou la maladie d'Alzheimer
Attention, la dépose des amalgames est un acte à risques qui exige des précautions spécifiques. Pour plus de détails, voir la rubrique Plombage-dépose du Pratikadent (extrait en ligne sur le site des éditions Luigi Castelli).
* Article publié sur le site de la FDA :
http://www.fda.gov/cdrh/consumer/amalgams.html