Il s'agit ici d'une étude " ombrelle " de précédentes méta-analyses publiées sur le sujet, c'est-à-dire déjà combinaisons de plusieurs études de cohorte ou observationnelles. L'objectif de cette équipe britannique est ici de tenter de démêler les résultats de santé associés à la consommation modérée de café soit 3 ou 4 tasses par jour, de facteurs de mode de vie et de confusion associés. Le bilan de cette analyse ombrelle présentée dans le British Medical Journal (BMJ) reste plutôt positif, avec quelques réserves néanmoins, pour quelques situations " patients ", dont la grossesse, le cancer du poumon, la polyarthrite rhumatoïde, l'insuffisance pondérale et le risque de fractures.
Les effets du café font et ont fait l'objet de très nombreuses études et méta-analyses, c'est la première méta-analyse de méta-analyses déjà publiées qui nous est ici proposée par des chercheurs des universités de Southampton et d'Edinburgh ? Comme c'est la deuxième boisson consommée dans le monde après le thé, il est clair que même de petits bénéfices pour la santé peuvent avoir de larges implications en Santé publique. Cependant, si la plupart des recherches ont révélé que le café était associé à un risque moindre de maladie ou de décès, en raison de nombreux facteurs de confusion possibles, il reste complexe d'établir une relation directe entre la consommation de café et ces bienfaits pour la santé.
Cette revue générale des méta-analyses sur le sujet, évaluées par deux procédés reconnus, le système AMSTAR qui permet de vérifier la qualité de l'analyse et le système GRADE qui permet de vérifier la force de la preuve conclut, en fin de compte que si une consommation régulière de café est associée à des bénéfices dans 19 conditions de santé, elle peut augmenter le risque dans 6 autres situations de santé. Enfin, pour 34 autres résultats étudiés, la consommation de café faible, modérée ou élevée ne semble avoir aucune incidence.
Quels principaux bénéfices d'une consommation régulière de café ?
- Un risque réduit de 10% de décès pendant la période d'étude vs une moindre consommation ou une absence de consommation ;
- un risque réduit de 19% de décès par maladie cardiovasculaire ;
- un risque réduit de 18% de cancer, cette réduction du risque ne s'appliquant pas à tous les cancers ;
- un risque réduit de 29% du risque de stéatose hépatique non alcoolique ;
- un risque réduit de 30% du risque de diabète de type 2.
- Des résultats néfastes sont lorsque la mère a consommé trop de café (plus de 3 à 4 tasses par jour) pendant la grossesse, avec un risque accru de leucémie infantile ou de fausse couche ;
- pour le risque de cancer du poumon : cependant on peut s'interroger sur l'association tabac et café ; en effet, aucune preuve d'association n'est identifiée chez les non-fumeurs ;
- pour le risque de polyarthrite rhumatoïde, l'insuffisance pondérale et les fractures (uniquement chez les femmes).
Quelle qualité des preuves ? C'est finalement l'interrogation majeure de cette analyse ombrelle qui constate aussi que, dans l'ensemble, les preuves apportées par les méta-analyses publiées sont de qualité généralement faible ou modérée. Ainsi, beaucoup d'associations suggérées entre la consommation de café et les résultats de santé pourraient bien être affectées par des facteurs de mode de vie et donc de confusion possible.
Cela ne remet évidemment pas en cause la " sécurité " d'une consommation raisonnable de café, soit 3 à 4 tasses par jour, et son rapport bénéfice-risque positif.