La guérison, j’ai en rêvé. Je l’ai souhaitée, attendue, j’ai pleuré parce qu’elle ne venait pas. Je comptais mes années des maladie, une année s’ajoutant inexorablement aux autres, de plus en plus longues, le tiers de ma vie, la moitié de ma vie.
La guérison, ça ne me concerne plus. Et je vais bien mieux depuis que je ne compte plus sur elle. Je n’ai pas guéri mais je me suis rétablie. Et c’est bien plus important. Quand on a une maladie chronique, attendre une guérison improbable, ça enferme dans la maladie. On se sent nulle de ne pas y arriver, à cette fameuse guérison, ce graal inaccessible. Un psychiatre m’avait dit « vous pourrez arrêter vos médicaments quand vous arrêterez de penser à ce que vous avez vécu ». Ca paraissait si simple, à portée de mains. Et pourtant, à force de se dire qu’on ne doit pas penser à quelque chose, on ne fait que penser à cette chose. C’est la même chose pour la guérison, à force de vouloir l’atteindre à tout prix, on ne fait que penser à la maladie.
Tandis que quand on se rétablit, on reprend le pouvoir sur sa vie, on apprend à vivre avec sa maladie, ses hauts et ses bas, ses forces et ses faiblesses. On apprend à être en paix avec soi-même. A ne pas se détester parce qu’on passe une journée au lit, à ne pas voir chaque bas comme un échec inexorable, à ne pas s’en vouloir parce qu’on va mal. Et étonnamment, mais l’est-ce vraiment, c’est comme ça que la maladie devient plus discrète, quand on l’accepte.
On peut continuer sa vie, aussi. Ne plus voir les années de maladie comme une parenthèse qu’on veut à tout prix refermer. Non, ces années, aussi difficiles ont elles été, ne sont pas une parenthèse. Elle m’ont construite, elles font celle que je suis aujourd’hui.
Je n’attends plus la guérison, je n’attends plus le jour où ma vie reprendra, simplement parce qu’elle ne s’est jamais arrêtée.
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