Si vous ne savez pas quoi faire ce soir, que vous avez 1 heure 16 devant vous et que vous êtes d’humeur exploratrice, enfilez votre plus beau pyjama et installez-vous confortablement : Common Wave vous a dégoté une petite perle d’animation espagnole débarqué dans nos salles il y a quelques mois qui propose de vous emmener dans les tréfonds de la psyché et vous faire vivre une expérience cinématographique hors du commun.

L'histoire
Sur une île au beau milieu de l’océan, une catastrophe écologique a fauché un jour la vie de la plupart des habitants et toute la végétation sur son passage. Depuis sur cette terre morte et stérile, les déchets toxiques s’amoncellent entre les bâtiments désaffectés. Des piles d’ordures pullulent des rats estropiés, et les habitants de l’île semblent désabusés. C’est dans ce monde dystopique que Birdboy et trois adolescents vont entamer une quête pour trouver la liberté. Dès les premières minutes de film on se retrouve, tels les protagonistes, prisonnier, enfermé dans cet univers abstrait et décalé. En suppure un véritable sentiment de malaise, contrasté par un style de dessin candide qui peut au premier abord sembler sortir d’un livre pour enfants. Mais ne vous méprenez pas, les personnages, des animaux anthropomorphes qui peuplent cette île, ont l’âme sombre et tortueuse. Pas de pitié, pas de quartier. C’est la loi du plus fort qui règne.
Esthétique et scénario
A mi-chemin entre les jeux d’ombre de Michel Ocelot et les mondes fantastiques de Miyazaki, l’esthétique très particulière fait de ce film une expérience transcendante, intrinsèque à ses propres angoisses : dans Psiconautas, vos peurs murmurent à votre oreille. Tapies dans l’ombre, elles s’animent, prennent vie sous la forme de monstres tentaculaires et vous pourchassent jusque dans vos retranchements. Les thématiques évoquées, allant de problèmes de société très actuels aux soucis personnels, sont sublimées par cette esthétique brillante et originale qui donne du relief à la matière de manière sensitive, onirique, au point qu’on a l’impression d’être dans ses propres cauchemars.Tout comme l’aspect visuel, la structure narrative apporte elle aussi un vent de fraîcheur dans le cinéma. Avis aux cinéphiles lassés des trames scénaristiques vues et revues : ici on est loin des clichés que l’on retrouve bien trop souvent. Malgré des thématiques assez classiques, on peut saluer le fait que le film ne tombe pas dans un côté moralisateur, et ça fait du bien. Et c’est justement cette absence de morale, de justice, de repères qui pose la cerise sur le gâteau et inscrit ainsi pratiquement Psiconautas dans le registre de l’épouvante.Finalement, tous ces éléments font de ce film un ovni cinématographique, loin des carcans de l’animation enfantine (preuve est que le film est interdit aux moins de 12 ans !), et le classent dans le genre quasi-inexistant et antithétique de « l’animation d’horreur. » Mais pour apprécier Psiconautas, le mieux est encore de le voir de ses propres yeux. Trêve donc de bavardages, maintenant que vous avez l’eau à la bouche, ma tâche est accomplie. Filez vite visionner ce film, et n’oubliez pas de laisser votre avis dans les commentaires !