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Coupe Davis: le défi mental

Publié le 24 novembre 2017 par Sportpsy @sportpsy
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Coupe Davis: le défi mentalDans quelques heures se jouera un des plus gros défis dans la carrière de nos joueurs français: remporter la Coupe Davis. Pour cette génération dorée, c’est une superbe affiche qui les attend, avec les Belges en adversaire, à quelques kilomètres de la frontière. Il n’y avait probablement pas de meilleur adversaire pour une belle histoire.

Avant de pouvoir soulever le saladier, il faudra gagner ces matchs et sortir de leur zone de confort pour faire face à un public déchainé et à une ambiance digne de concert de rock. De toutes leurs précédentes tentatives, celle-ci est unique car la France est sur le papier supérieure à la Belgique. En 2014, la Suisse de Federer et Wawrinka avait indiscutablement l’avantage. J’avais eu du mal à comprendre qu’on leur reproche autant cette défaite car elle n’était pas honteuse. On avait parlé à tort et à travers de l’approche mentale en oubliant que c’était un élément parmi tant d’autre qui pouvait expliquer la défaite.

Ceci m’a donc donné envie de réfléchir à la dimension mentale de cette rencontre. Je suis heureuse que Noah ait décidé d’intégrer la méditation à son stage et prendre en compte l’importance de gérer son esprit. Je suis étonnée qu’il y ait autant de commentaires sur ce que certains considèrent comme nouvelle « lubie » du capitaine. Ceux-là ne se sont certainement pas renseignés sur l’apport de la méditation dans le bien-être (au-delà du sport). Cependant, ce n’est qu’un outil. Le reste du travail est à faire sur les enjeux psychologiques de cette rencontre. Car le match se joue en grande partie avant même d’avoir les pieds dans le terrain.

En premier, la France est favorite sur le papier. Seul Goffin est mieux classé et le reste de l’équipe (Darcis (76), Bemelmans (118) De Loore (276) est moins bien classé que nos joueurs. C’est un fait implacable mais qui ne veut justement rien dire car l’enjeu est important et que le classement n’est pas le reflet d’un joueur sur un match. Sur un match tout est possible et les belges ont raison d’y croire parce que Goffin est en feu, Darcis aime les grandes arènes et que leur double a aussi enregistré de belles victoires. Cette dimension de favori est donc la plus délicate à gérer car bien souvent elle génère du stress. Les joueurs se font souvent un scénario dans leur tête où la logique du classement fait qu’ils n’ont pas le droit de perdre face à quelqu’un de moins bien classé. Ce qui est absurde, mais c’est une croyance qui peut être inconsciemment présente. Encore plus quand la rencontre se joue pour un titre et face à un public immense.

Deuxièmement, il est paradoxal pour Pouille de jouer Goffin en premier match car il mène 3-0 dans leurs confrontations. Au classement, il est derrière mais dans l’historique, l’avoir déjà battu peut aussi peser dans la tête. Il faudra pour lui gérer ce paradoxe et se mettre en position de gagner face à un joueur qui finit une saison de manière époustouflante (finale des Master avec une victoire sur Nadal et Federer). Personne ne sait où en sera leur confiance face à cet enjeu.

Troisièmement, cette rencontre est unique car deux des quatre joueurs vont être confrontés à une finale de Coupe Davis pour la première fois: Pouille (jouant dans ses terres natales) et Herbert, dernier arrivé et choisi par Noah pour jouer le double. Comme toutes les premières fois, soit on passe à côté soit on se révèle. Personne ne peut dire aujourd’hui de quel côté penchera la balance mais nul doute que la dimension de la nouveauté aura une importance dans la manière d’aborder la rencontre

Quatrièmement, parce que comme d’habitude, le choix du capitaine peut faire débat. On attendait Mahut qui revenait tout de même du Master. Faisant partie des 8 meilleurs joueurs mondiaux de double, il pouvait avoir légitiment sa place. Aussi parce qu’il est un fervent amoureux de la Coupe Davis et de le voir laisser sur le banc de touche est forcément compliqué à gérer pour ceux qui vont être sur le terrain. Ils vont devoir assumer les choix de leur capitaine et ne pas se laisser emporter par le fait que, lui comme Benneteau, méritaient tout autant d’être sur le terrain. Cela peut peser si ce n’est pas bien gérer en amont. Encore plus pour Herbert qui doit être partagé entre la joie d’avoir été choisi et la fidélité à son partenaire de double.

Cinquièmement, et c’est un élément très positif pour les Français. L’adversaire belge ne suscite pas autant d’engouement que les Suisses de 2014. La dernière finale avait laissé un goût amer car une partie du public était autant heureuse de voir Federer gagner sa première coupe Davis que déçue de voir les Français perdre. Cette fois, on peut avoir une sympathie pour nos voisins belges, mais le public sera probablement plus tranché et soutiendra les bleus dans les bons comme les mauvais moments.

Alors ce défi mental est bien présent mais pas insurmontable parce que c’est aussi ces grands évènements qui permettent à un joueur de se dépasser, de se découvrir des ressources insoupçonnées et d’aller puiser dans le fond de lui-même les ingrédients pour vaincre ce défi.

Le terrain apportera la réponse. Ce sera probablement un beau week-end de sport et à la fin, il n’y aura qu’un seul vainqueur. Alors bon matchs à tous et je serai sur place pour les encourager!

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