Galerie Aïda de Strasbourg (130 Grand’Rue) du 23 novembre au 6 décembre :
Six artistes, quatre peintres et deux sculpteurs, qui parfois ne se connaissent pas et sont cependant comme rapprochés par la légèreté (forcément insoutenable) de l’être ou du temps! Un souffle venu d’autres horizons parcourt en effet la minuscule galerie à travers les œuvres de ces artistes enracinés dans les terres d’Alsace.
Élizabeth Bouvret, par exemple, qui vit à présent à Strasbourg, est née au Vietnam. Ses nombreux voyages ont façonné le regard qu’elle porte sur le monde. Son maître est le graveur Georges Thouvenot qui lui apprend à regarder les abeilles et à dessiner.
Après un parcours dans la publicité et la communication d’entreprise, elle privilégie à présent, le rapport à la matière, au geste, à la forme et s’exprime sur des supports différents, peintures, pastels, déchirures, collages pour retrouver parfois les contes de notre enfance, sans mièvrerie, en faisant naître çà et là une angoisse sous-jacente comme avec ce « loup noir et un certain petit pot de beurre », (mais où est donc le Petit Chaperon Rouge ?) ou encore susciter l’inquiétude devant la force des éléments révélée par cette « Vague géante au-dessus de la maison », ou l’insondable profondeur d’une « Grotte bleue ».
Et quel vent fait tourner les nuages dans son tableau énigmatique « Le vent et les nuages » ?
https://www.kazoart.com/artiste-contemporain/72-elizabeth-bouvret
Paul Nemet,
Paul Nemet, sculpteur, place ses personnages longilignes aux structures d’acier recouvertes de plâtre et de résine, ici et là dans l’espace de l’exposition, impassibles spectateurs du tourbillon qui les entoure. Giacometti en couleur ! Jeans bleus, sweat rouge. Bonnet jaune. Mains dans les poches, les silhouettes nous semblent familières ou tout droit sorties d’une bande dessinée. Parfois seules les têtes, insolites, minuscules, coiffées de leur bonnet coloré, sont installées sur un piédestal, observant la ronde des humains qui les observent.
« Je réalise des sculptures à base de plâtre, structure en acier, résine, ocres, pastels, sables…Mes personnages reflètent la vie tout simplement, mes inspirations sont multiples, certains artistes comme Couturier, Giacometti, mais aussi la bande dessinée, le spectacle de la rue. Je joue sur les silhouettes, les formes allongées, les couleurs, les textures. Je réalise des animaux, des femmes, des hommes seuls ou en groupe qui attendent et observent le grand spectacle que nous représentons tous »…
http://paulnemet.livegalerie.com/presentation.php
Geneviève Nicolet Woelfi
Après avoir exploré les qualités du papier himalayen, Geneviève Nicolet Woelfi a choisi de travailler la technique particulière de l’encaustique qui remonte à l’Antiquité. Cette technique, écrit-elle, permet de retrouver « la fluidité et la fugacité des sensations : chauffer, recouvrir, graver, fondre, dit-elle, sont des actions qui donnent du souffle à l’œuvre et qui sont porteuses de sens.
La cire cache, isole, protège et pérennise. Les œuvres sont alors peuplées de plages de couleurs translucides qui semblent garder en elles les traces du mouvement. » Ses tableaux intriguent par le relief des scènes qu’ils présentent parfois, poussées par on ne sait quelle force interne, sortant de l’espace plan pour partager le nôtre.
https://www.artsper.com/fr/artistes-contemporains/france/9655/genevieve-nicolet-woelfli
Jenny Niess
À la recherche de toujours plus de légèreté, Jenny Niess fait s’envoler les oiseaux qu’elle dessine en filigrane. C’est désormais le graphisme aérien du fil de fer qui enferme les volumes volés à l’espace pour faire apparaître le corps de l’oiseau. Vide créant le plein, plein fait de vide, comme une initiation à l’univers taoïste. Dans sa quête d’absolue de légèreté, Jenny Niess rencontre aussi des personnages issus des contes et des comptines, associant parfois le papier au fil de fer.
https://www.google.fr/search?q=jenny+niess&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&dcr=0&ei=YgEUWpa-AqWN8QeE2LyIBA
SmaK-titi
SmaK-titi dont le nom porte en creux et en secret toute la famille de cette artiste autodidacte, s’inspire de l’art de la rue aux États-Unis dans les années 90, à New York et à Chicago. Ses premières toiles sont alors exposées sur Broadway Avenue.
L’univers de Smak-titi est celui du pop art et de l’art brut : petits formats volés à l’espace de la ville ou vastes pans de murs découpés et peuplés de personnages hauts en couleur, joyeux, dont l’intériorité s’expose avec humour. Les couleurs fluorescentes, très vives font à coup sûr déguerpir à jamais la grisaille des jours et la morosité urbaine.
Depuis son retour en France, SmaK-titi expose régulièrement dans l’hexagone et dans des galeries européennes.
https://www.artsper.com/fr/artistes-contemporains/france/10402/smak-titi
Brigitte Wagner
Le vent qui soulève les tapis et fait danser les cités colorées des tableaux de Brigitte Wagner vient d’Iran. Inépuisable source d’inspiration pour l’artiste, ce pays où elle a vécu, semble lui avoir légué outre la technique de la miniature, la maîtrise des couleurs, la précision du geste, jusqu’à l’indicible de la compréhension de son univers culturel, et par là, de tout l’univers ! Car tout est transposable sous la finesse du pinceau de Brigitte Wagner. Des caravansérails d’Ispahan jusqu’aux maisons d’Alsace.
Et s’il n’y a pas de silhouettes humaines dans ses œuvres, mais « seulement » des maisons, des palais, des cours, et puis, évidemment, la nature, la mer, les montagnes, les volcans… si les hommes (ou les femmes), donc, n’apparaissent pas, c’est qu’il n’est nul besoin de les apercevoir, cachés qu’ils sont au cœur de l’intimité urbaine et cosmique. Peut-être sont-ils là, d’ailleurs, tout proches, derrière les voiles soulevés, les tapis étendus, roulés, accrochés, derrière les portes ouvertes ou fermées, dans le dédale des cours, le labyrinthe des villes ou le lacis des sentiers de Bali. Ce qui est sûr c’est que la ville et le monde dansent, bougent, explosent de couleurs et de senteurs exacerbées, parfois comme une fleur qui s’ouvre. Et puis l’humour, la distance font le reste. Le sacré côtoie le profane. L’invisible est caché sous l’exubérance. L’endroit est à l’envers. L’envers est à l’endroit.