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Cet esclave qui est mon frère...

Publié le 24 novembre 2017 par Fabianus

CET ESCLAVE QUI EST MON FRÈRE...
CNN a montré ce que l’humanité croyait avoir aboli : la vidéo s’est longtemps attardée sur un marché d’esclaves au cœur de la Libye en plein chaos.
Oui, l’esclavage est de retour dans sa forme la plus primaire, la plus mercantile.
Bien entendu on n’ignore pas que l’esclavagiste prend souvent des formes détournées pour faire travailler de petites mains dans des entreprises vétustes ou pour envoyer les enfants sur le marché de la prostitution philippine ou au fonds d’une mine de cobalt au cœur de la Réplique Démocratique du Congo.
Mais là, il s’agissait bien d’un esclavagisme qui n’avait rien à envier avec le commerce triangulaire de la flamboyante époque mercantiliste du 18 ème siècle.
CNN dévoilait au monde entier une vente de migrants noirs sur des marchés aux esclaves, en Libye. Le commerce d’ébène reprenait ses droits à faire retourner dans sa tombe Victor Schœlcher, père de l’abolitionniste à la sauce française et notre brave Hugo déclarant jadis : Un seul esclave sur la Terre suffit pour déshonorer la liberté de tous les hommes
Oui, notre liberté se mutile à l’aube d’une nouvelle atteinte à notre frère, à celui doit quitter son pays où règne la famine et la guerre et qui n’a comme unique alternative de risquer la noyade en Méditerranée ou de se retrouver réduit à l’état d’objet, de marchandise négociée à la bourse de l’ignominie.
Dans cet enfer humanitaire le diable se cache là il veut. Il prospère sur cette terre africaine, laissée aux mains de multinationales, entravée par des chefs d’Etat corrompus, autocrates et n’espérant plus rien d’une union africaine (UA) excellant par sa médiocrité anthropologique. Les pays d’Afrique, lors de leur sommet, n’ont jamais évoqué la crise des migrants, ni les petits arrangements entre l’Italie et les milices libyennes pour verrouiller l’accès à la mer à partir du port de Sabratha !
Mais le démon se vautre également dans le démantèlement d’une vaste zone, prise en tenaille entre l’émergence de Daech et la déliquescence d’un état que le printemps arabe n’aura pas fleuri. Après la mort de Kadhafi, le petit livre vert s’est noirci de striures mafieuses…
Enfin Lucifer prospère à l’intérieur de nos frontières de pays nantis. L’Occident se ferme, joue l’hermétisme face aux flux migratoires. Mme Merkel, à trop vouloir se montrer généreuse est en train de payer ses engagements. La chancelière allemande a buté sur la question de l’immigration lors d’une tentative de se rapprocher des libéraux pour former une coalition susceptible d’avoir la majorité au Bundestag. La dame de Berlin n’a pas su imposer sa vision et son parti (CDU-CSU) n’a pas su s’entendre avec les partenaires potentiels sur un plafonnement du nombre de demandeurs d’asile ou sur le droit au regroupement familial outre Rhin !
Oui, l’esclavage revient, bête puante dans un monde en plein désarroi !
L’ONU sera saisie, les réseaux seront sûrement démantelés mais le mal s’enracinera toujours au cœur de l’Afrique tant que cette Terre portera la fatale image de l’ancienne terre des esclaves dont on peut, sans scrupules, exploiter les richesses et qui se regarde, elle-même,  parfois, avec les yeux de la résignation… Le noir ne fuira plus La milice libyenne De son ombre païenne Lui entrave la vue
La chaîne a retrouvé Son antique splendeur Sur ce marché d’horreur Où vainc le négrier
C’est du bon bois d’ébène Marchandé à bas prix Dans le profond mépris Que tapisse la haine…
C’est un corps qu’on entrave Un destin qu’on mutile Dans un froid mercantile C’est le corps d’un esclave
La liberté succombe Sous le pli des billets La monnaie déversée Dans le cœur qui se plombe
Le noir ne fuira plus Dans le plus frêle esquif Tout espoir fugitif Voit ses ailes battues…
Il purge en longue peine Les errances du temps Le chaos des printemps Les grands déserts pérennes
Son corps martyrisé Nous parle du silence D’un monde qui s’avance Vers son obscurité Sa langue retenue Par le bâillon du mal Geint, fragile, animale Le ciel apparaît nu
Et la terre se dérobe Aux pieds de l’enchaîné Se meurt l’humanité Dans la torpeur de l’aube
La nuit jette le voile Sur les yeux des nantis Et sur l’oiseau transi Qu’abandonne l’étoile
Le noir de noir se meurt Au fond du crépuscule L’indifférence brûle Le bois tendre des cœurs...

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