Gallimard Jeunesse
Traduit de l'anglais par Catherine Gibert
Octobre 2017
352 pages
21 euros
Roman ados dès 14/15 ans
Thèmes : Contemporain, Young Adult, Adolescence
Quatrième de couverture : Tout commence avec un milliardaire en fuite et la promesse d'une substantielle récompense. Une amitié pour la vie, des retrouvailles aussi intimes qu'inattendues, une fanfiction de Star Wars, un tuatara. Et au cour de tout cela : la jeune Aza Holmes, qui vit sa vie prise dans la spirale infinie de ses propres pensées. John Green partage l'histoire d'Aza avec une limpidité bouleversante et sans faille. Le retour tant attendu de l'auteur culte.
Six ans d'attente depuis Nos étoiles contraires. Tortues à l'infini est l'évènement littéraire Young Adult de cette fin d'année. A travers l'histoire d'Aza, 16 ans, John Green va livrer un récit touchant sur ce qu'il a vécu, sur son parcours personnel et sur la maladie dont il a souffert : un trouble obsessionnel compulsif, qui pousse l'héroïne à se faire du mal physiquement. Touchant aux thèmes universels et classiques du Young Adult : le deuil, la difficulté de vivre et de trouver sa place, la quête identitaire... Tortues à l'infini a su m'émouvoir mais ce n'est pas un coup de coeur.
Pourquoi ? Pour commencer j'ai eu beaucoup de mal à trouver réaliste et plausible l'intrigue de ce milliardaire en fuite qu'est Russell Pickett. Aza et sa meilleure amie Daisy vont enquêter cherchant à résoudre le mystère de sa disparition. Une récompense de 100 000 dollars est en jeu et Aza va renouer des liens avec le fils, un ami d'enfance : Davis. Aza a peu d'amis mais peut compter sur la fidèle Daisy pour l'écouter, l'aider et tenter de lui faire oublier son obsession pour les microbes, bactéries et autres infections... Autrement dit pour faire simple Aza souffre d'un toc qui se traduit par la douleur physique et des pensées obsessionnelles voire paranoïaques. Au début j'ai pensé qu'elle était hypocondriaque mais sa douleur est bien plus profonde et perverse que ça. Si j'ai adoré l'humour tordant de Daisy, j'ai eu du mal à comprendre Aza. Puis cette enquête est trop peu crédible si bien que j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages et aux situations loufoques. Pour moi, on est pas dans une adolescence "de nos jours" ou dans ce que peuvent vivre et rencontrer nos adolescents. Difficile donc pour moi de totalement identifier et reconnaître les personnages. J'ai lu cette histoire avec distance.Toutefois j'ai beaucoup aimé les citations et les références littéraires que John Green place dans la relation entre Aza et Davis. Une relation un peu bizarre, douce, délicate et attachante. C'est le début d'une jolie histoire d'amour avec beaucoup de tendresse, de sensibilité, un brin d'humour et l'écriture poétique de l'auteur. C'est toujours aussi bien écrit, aussi beau, aussi profond et authentique.
John Green excelle toujours dans l'art d'expliquer les troubles adolescents, les premiers émois amoureux mais n'est pas un maître du roman policier. L'enquête apparaît plutôt comme un prétexte et au final n'apporte pas grand chose de plus. C'est pourquoi je suis partagée.
Le personnage d'Aza reste bien décrit et l'auteur focalise son propos sur cette maladie ravageuse, destructrice, sa pathologie particulièrement envahissante, stressante qui pourrit la vie. C'est compulsif, irrésistible, c'est ancré en soi. On aime sa sincérité et son style toujours aussi percutant et comment il explique tout le processus et la construction des pensées obsédantes. Au final j'ai passé un bon moment en compagnie des personnages, de ces héros adolescents qui se découvrent et se cherchent, qui s'expriment et qui ont envie d'aller de l'avant. Mais pour moi, cette lecture n'est pas inoubliable car j'aurais souhaité que l'auteur inscrive son récit dans un contexte social plus réel ou plus proche de nos vies.