L'ibuprofène est un AINS très couramment utilisé. Cette étude lui attribue un bénéfice jusque-là non évoqué, sa capacité à bloquer les dommages causés par l'exposition du fœtus à l'alcool ou le développement du syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF). Cette étude chez l'animal suggère en effet le médicament efficace à lutter contre la neuroinflammation induite par l'alcool. De nouvelles données présentées dans la revue Behavioural Brain Research qui pourraient avoir des implications bien au-delà du SAF alors que la neuroinflammation est une caractéristique de nombreuses maladies neurologiques.
Chez les humains, l'exposition du fœtus à l'alcool peut entraîner toute une série de problèmes sévères dont des troubles de l'apprentissage, de la mémoire et de l'attention, ainsi que des handicaps physiques. Une étude récente a rappelé que dans le monde, 1 femme sur 10 consomme de l'alcool durant sa grossesse, et dans certains pays, 1 sur 2 et que même une exposition faible à modérée à l'alcool peut entraîner des troubles anxieux sévères chez l'enfant dès l'adolescence et à l'âge adulte. En passant du sang maternel vers le sang du fœtus, au travers du placenta, l'alcool entraîne un risque d'atteinte des fonctions cérébrales et/ou de malformations irréversibles très élevé. Ici, les auteurs rappellent que 2 à 5% des écoliers (américains) ont des troubles durables liés à l'exposition précoce à l'alcool (Source CDC).
L'étude est la première à faire le lien entre l'inflammation induite par l'alcool dans l'hippocampe et une déficience cognitive plus tard dans la vie et à suggérer que l'ibuprofène peut réduire les effets de cette exposition précoce, en particulier la neuroinflammation et les signes comportementaux : la démonstration est ici effectuée chez le rat, modèle de SAF. Les chercheurs ont d'abord examiné le rôle de la neuroinflammation dans le développement du SAF et du dysfonctionnement cognitif : exposés à l'alcool 4 à 9 jours après la naissance (soit l'équivalent du 3è trimestre de la grossesse), les rats ayant reçu de l'ibuprofène présentent des niveaux de neuroinflammation réduits vs des rats ayant reçu un placebo (une solution saline). De plus, 25 jours plus tard, les rats du groupe Ibuprofène présentent également une mémoire améliorée.
Il est encore trop tôt pour confirmer des implications chez l'Homme, cependant ces travaux ouvrent la voie à de futures recherches sur des traitements possibles du SAF et d'autres troubles neurologiques caractérisés par une neuroinflammation. Il s'agit également de déterminer combien de temps persiste la neuroinflammation après l'exposition à l'alcool.
Enfin, si l'ibuprofène n'est généralement pas recommandé aux femmes enceintes en raison des risques pour la mère et le fœtus, ces données suggèrent de poursuivre les recherches sur la piste des thérapies anti-inflammatoires, ainsi que de valider leur efficacité possible sur le développement cognitif en cas d'administration après la naissance.Équipe de rédaction Santélog