C’est un nouveau texte de la collection Go & Gars que je m’apprête à chroniquer. C’est en préparant l’animation d’un panel sur le thème Ecrire et publier pour la jeunesse en Côte d'Ivoire et en Guinée dans le cadre du festival Paroles indigo que j’ai lu ce roman. Je commenterai ce livre dans la suite de cet article. Mais j’aime raconter tout ce qu’il y a autour du livre.
Il s’avère que j’avais poussé un coup de gueule modéré (comprenez l'expression) sur une lecture d’un roman de cette collection et j’avais eu droit à un tirage d’oreilles par Marie-Paule Huet qui a pris soin de me décrire le projet Go and Gars des éditions Ganndal et le contexte du lectorat en Guinée, actuellement en reconstruction après une politique de l’éducation désastreuse en matière d’enseignement des langues… Initier les jeunes adolescents guinéens à la littérature passe donc par la production de textes adaptés. C’est dans ce contexte que Maïmouna Koné, étudiante en pharmacie à Conakry et écrivaine en herbe a proposé quelques textes aux éditions Ganndal et elle s’est vue proposer de participer à une résidence littéraire pour écrire des textes répondant aux exigences de la collection Go & Gars. Elle s’est prise au jeu de cette forme d’écriture comme en atteste l’échange que nous avons eu avec la jeune ivoirienne et le poète sénégalais Amadou Ibou Niang... (1)
Sarah est une jeune fille appartenant à une famille nantie dans une grande ville africaine. Volontairement, Maïmouna Koné ne fournit aucun repère géographique pour que le lecteur pose son propre cadre. C’est une jeune femme en attente de l’affection de ses parents. Elle est fille unique et elle a un très grand ami qui est plus qu’un frère et qui malheureusement lui aussi doit partir. C’est donc au désarroi de cette jeune fille que le lecteur est confronté. C’est une image assez inattendue puisque dans l’imaginaire de beaucoup, l’Afrique se vit de manière collective, avec une famille large et encombrante qui assiège les îlôts de prospérité. Et cette adolescente qui soupire après l’attention de ses parents… C’est alors que son père lui propose d’aller passer quelques jours chez sa tante et sa cousine qui va tenter de décoincer lapetite bourgeoise…
crédit photo Gangoueus
Ce roman se lit bien et vite. Il est moins simpliste que Victimes 2 l’amour d’Abraham Sidibé. Il est intéressant dans ce qu’il peut remettre en cause certaines certitudes qui voudraient que la vie des nantis est heureuse et sans pépin à l’opposé de celle des prolétaires. Les choses sont plus complexes.Le thème de l’amitié et de la construction de repères de l’adolescent sont les sujets dominants. Une dernière remarque. Sarah m’a fait penser à Kambili, le fameux personnage du premier roman de Chimamanda Ngozi Adichie. Les contextes sont sensiblement les mêmes avec en plus la dimension de la violence et des non-dits au sein d’une famille aisée dans une grande ville nigériane. Bref, à lire età faire lire à vos ados.Maïmouna Koné : Sous les fleurs des larmesEditions Ganndal, collection Gos & Gars, 2017
(1) Podcast Radio 3D FM - Entretien avec Maïmouna Koné et Ibrahima Niang