Ce n'est pas une légende ou une rumeur mais une vraie tradition qui subsiste encore dans le BTP, le secteur du bâtiment et des travaux publics. Le repas autour d'un gigot cuit dans du bitume marque la fin d'un chantier. Ce soir c'était une étape déterminante dans la réalisation de la future gare Arcueil Cachan qui devra accueillir la ligne 15 du métro.
Ils sont encore une poignée de traiteurs à savoir le faire, en toute sécurité s'entend, m'a expliqué José-Manuel Gonçalvès qui est le directeur artistique du Grand Paris Express et qui avait conçu le programme des réjouissances de la soirée, tant sur le plan musical que sportif et culinaire.
On doit l'idée du gigot bitume aux étancheurs qui avaient pour habitude d’utiliser le fondoir comme support de cuisson à la fin de leur intervention. Yves Le Breton a repris la technique de cuisson qui permet de faire ressortir le côté très tendre de l’agneau.Il a sans doute un secret car il le prépare à l'avance, avec une recette dont il ne révèle rien. La cuisson seule est réalisée sur le chantier, dans le respect de ce qui se faisait "à l'époque" dans un bain de bitume en fusion à 250° permettant de cuire le gigot à l’étouffée pendant deux bonnes heures, et je vous assure que la viande était délicieuse.Avec une méthode qui assure évidemment une parfaite étanchéité et répond strictement aux normes d’hygiène en vigueur. Et il est impressionnant de le voir ouvrir la cuve et "pêcher" les morceaux enveloppés comme des lingots, dans sept couches d'aluminium, autant de kraft, et ficelés de fil de fer.Une fois la papillote débarrassée de son enveloppe, la découpe se fait sur place aussi, par Yves qui parfois confie son couteau à des personnalités qui immortalisent leur geste devant les caméras, alors qu'en coulisses les assiettes sont prêtes pour le service. Et ses petites pommes de terre rôties aux herbes sont tout autant délicieuses.
Les organisateurs avaient estimé que 300 personnes feraient le déplacement. Nous étions un millier, ce qui témoigne de l’intérêt pour ce chantier hors normes, visant à réaliser un des paramètres les plus importants du Grand Paris à savoir les connexions.Ce moment convivial marquait une pause dans la soirée qui avait débuté en fanfare avec Les Parpaings perdus de l'Ecole spéciale des Travaux Publics.
Il s'agissait de fêter dignement le KM2 à Cachan, en particulier l'opération de grande envergure, estimée à 23 millions d'euros, consistant à réaliser puis faire ripper un "pont-dalle" de 40m de long, équipé de quais et de voies, de 16m de large, pour un poids total de près de 3000 tonnes, soit près de la moitié du poids de la Tour Eiffel, venant ainsi remplacer une section complète de voies et de quais du RER B.Construite au préalable, cette dalle constituera le futur toit de la nouvelle gare (que l'on voit sur les photos ci-dessous et selon le schéma). Il faudra 5 jours pour la déplacer sur une trentaine de mètres et toutes les équipes s'étaient préparé depuis des semaines afin de commencer ce soir, et en public.Un observatoire était ouvert sur une terrasse surplombant le chantier pour suivre l'opération en direct qui était également projetée sur une des deux piscines à boues. C'est équipé d'un gilet fluorescent et en musique que nous nous sommes dirigés au pied du chantier pour effectuer ensuite le compte à rebours.Plus d’un siècle s’est écoulé entre la première ligne de Sceaux et ce qu’on est en train de faire. Un tel chantier perturbe la vie des gens mais on salue malgré tout le vrai partenariat qui s’est établi entre la RATP, Vinci et le Grand Paris. Claire-Hélène Coux, directrice déléguée de la Maîtrise d'ouvrage des projets de la RATP a expliqué que l'opération exigeait qu’on interrompe la circulation du RER B pendant 5 jours, le temps de pousser les 3000 tonnes sur 26 mètres. Des bus de substitution ont été planifiés mais la gêne pour les usagers est très forte bien que le moment choisi corresponde à un long week-end.
Cela fait plusieurs mois que les quelque 900 000 usagers (annuels) de la ligne se sont bien rendu compte des travaux avec le ralentissement des trains à 30 km/h depuis février. La vitesse devrait prochainement redevenir normale. En tout cas l’objectif est de rétablir le passage pour lundi matin prochain 5 heures du matin. Ce timing devrait être respecté puisque malgré la fatigue des équipes. Le chantier de Cachan mobilise plus de 2000 personnes à plein temps et la directrice était fière de pouvoir annoncer une avance de 4 heures sur les autres opérations à mener conjointement au ripage. Nous avons vu arriver le premier tunnelier qui sera en charge de creuser 3,4 km de tunnel en 16 mois en direction de Villejuif.
Jean-Yves Le Bouillonnec, le président du Conseil de surveillance, a souligné l’enjeu terrible consistant à faire pour le Grand Paris l’équivalent de ce que Fulgence Bienvenue avait fait pour Paris avec le métro. Il s’agit tout de même de la construction de 69 gares.
Des prouesses sportives étaient programmées pour accompagner la prouesse technique. Une performance de 4 trampolinistes dirigée par Lionel Pioline, triple champion mondial et aujourd’hui directeur de l’Ecole National des Arts du Cirques de Rosny-sous-Bois (ENACR), accompagné de ses élèves : David Martin, double champion du monde, Christophe Chapin, créateur du spectacle trampoline Les Blues Brothers, Pascal Sogny, interprète dans de nombreux spectacles de trampoline dont les Blues Brothers et Arno Bauge, catégorie junior au Levallois Sporting Club (champion de France 18-20 ans) ont donné le top symbolique du démarrage du ripage que j'ai pu filmer dans son intégralité :