Ernest LA JEUNESSE par Léon BLUM. Bibliographie.

Par Bruno Leclercq

Extrait d'un article de Léon BLUM dans la Revue Blanche, 1896.
Je me sens un peu embarrassé pour parler de M. Ernest La Jeunesse. J'en appellerai à tous ceux qui l'ont connu : n'est-il pas le parfait modèle des serpents qu'on aime à réchauffer dans son sein ? J'aurais voulu faire un traité avec lui, un acte qui l 'aurait lié moyennant un dédit considérable. Je lui aurait parlé comme suit : C'est entendu ; on est grand homme quand on a écrit Les Nuits, les Ennuis et les Ames de nos plus notoire contemporains. Je le dirai avec force, je le répéteria à toute occasion, et comme c'est là ma pensée vraie, ma voix sera sincère et forte. Mais, en revanche, vous m'épargnerez, vous, La Jeunesse. Je suis un peu votre complice ; vous m'avez dédié votre « Eloi » ; je vous encouragerai toujours dans votre oeuvre cannibalesque. N'est-ce pas, La Jeunesse, j'aurai beau devenir notoire ? Vous ne parlerez jamais de moi ? Seulement, nous n'avons pas de traité. La Jeunesse m'éreintera au premier jour ; et moi, esclave d'une pensée sincère, je parlerai de son livre avec tous les sentiments qui sont en moi : plaisir, étonnement, crainte, méchanceté éveillée et satisfaite. - Quel esprit cruel et fantasque ; quelle perspicacité instinctive et sûre ; quelle science effroyable du pastiche secret et juste ! Jamais on n'a lu, peut-être, un pareil étourdissement de parodie, de psychologie, d'anatomie et d'ironie, le tout exécuté avec des sursauts de gestes, des ébouriffements de cheveux, des éclats de voix suraigus et des battements de grosse caisse manquant la mesure d'une ronde effroyable, danse du ventre et danse du scalp.
C'est un livre précoce et ce n'est pas un livre méchant. Voilà l'idée sur laquelle, équitablement, je veux insister.Il y a dans la méchanceté quelque chose de froid, de volontaire et d'ajusté que vous ne trouverez point chez M. La Jeunesse. Il ne veut rien et ne calcule pas. Sa plaisanterie, même dure, est toujours involontaire ; on y lit, non pas une froide rancune, mais la plus riche gaieté intérieure. La Jeunesse s'amuse ; il parle vite ; il ne s'entend guère. Il brûle comme un feu follet. Il s'amuse beaucoup. Il a des dons d'une richesse extravagante ; il travaille ; il aime le travail. Vous verrez ce qu'il donnera. Vous verrez comme il nous éreintera tous.
Léon BLUM

BIBLIOGRAPHIE :
La Prière d'Anatole France. chez Jacques Tournebroche, 1895 , in-8, 16 pp.
Les Nuits, les ennuis et les âmes de nos plus notoires contemporains. Perrin & Cie, 1896, in-16, 402 p.
Les Nuits, les ennuis et les âmes de nos plus notoires contemporains. - Nouv. éd. accrue d'un avant-propos et de soixante croquis de l'auteur. Perrin, 1913. 356 p., portrait en front., fig., in-16.
L'Imitation de notre maître Napoléon. E. Fasquelle, 1897, in-12, 273 p.
L'Holocauste, roman contemporain. E. Fasquelle, 1898, in-18, 363 p.
L'Inimitable, roman comtemporain. E. Fasquelle, 1899, in-16, 401 p.
L'Huis clos malgré lui : moralité moderne en un acte (à peine) et en prose... [Paris, Théâtre-Antoine, 14 novembre 1900]. E. Fasquelle, 1900, in-12, 44 p.
Cinq ans chez les sauvages. F. Juven, s. d. [1902], in-16, 305 p.
Sérénissime, roman contemporain. E. Fasquelle, 1900, in-12, 323 p.
Demi-volupté : roman. Offenstadt, collection Orchidée, 1900, 259 p., illustrations in et hors texte, in-18.
L'Assiette au Beurre : La Foire aux croutes. N° hors-série, 1902, dessins par Paul Iribe et Haroun-Al-Rachid, texte par Ernest La Jeunesse, légendes des tableaux par Paul Iribe, in-4, non paginé, planches en couleur, portrait, couverture illustrée
Le Boulevard, roman contemporain. J. Bosc, 1906, in-16, 296 p. couverture illustrée en couleurs par Manuel Orazi.
Le Forçat honoraire, roman immoral. J. Bosc, 1907, in-16, 282 p., couverture illustrée par l'auteur.
Excursion en Touraine. Panhard et Levassor. 1910, in-4, fig. et cat.
Des soirs, des gens, des choses... (1909-1911). M. de Brunoff, [1913], 296 p., fig., couverture illustrée du portrait de l'auteur, in-16.
Le soliloque de Pierre Loti. Poitiers (111 Grand-Rue, 86000) : Paréiasaure nautilus, 1996. 86-Poitiers : Impr. Paréiasaure. Non paginé [12] p. : ill., couv. ill. ; 21 cm Impr. sur papier vert amande. - Tiré à 100 ex. environ.
Journal :
Ouste ! texte et icônerie d'Ernest La Jeunesse impr. de P. Dupont, (s. d.), In-fol., fig., Paris, 11, boulevard des Filles du Calvaire, 0 Frs 10. (1898) Préfaces :
Cosson (Marcel) : L'Armé britannique au camp de Rouen... [S.l.n.d.], in-4,
Lang (Ch.) : En flânant. Poésies... Genève : C. Eggimann et Cie, 1897 , in-16, X-140 p.

Levey (Henry J.-M.) : Le Pavillon, ou la Saison de Thomas W. Lance, petit poème cultique. Décorations de Müller. Collection bibliophile de l' « Aube », 1897, in-8, 31 pp., fig., couverture illustrée.
Levet (Henry J.-M.) : Poèmes, précédés d'une conversation de MM. Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud. Deux poésies. Le Drame de l'allée. Le Pavillon (avec préface d'Ernest La Jeunesse). Cartes postales... La Maison des amis des livres, 1921, in-16, 83 p., portrait
Levet (Henry J.-M.) : Poèmes. précédés d'une conversation de Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud [Préf. du poème ″le Pavillon″, par Ernest La Jeunesse]. Gallimard, 1943. 77 p. ; 20 cm. Collection Métamorphoses, 18.
Ternisien (Victor) : Chants candides. Bibliothèque d'art de ″La Critique″, 1898, In-16, 79 p., fig. [Outre les poèmes, l'ouvrage comprend un récit en prose : ″Mémoires d'un forçat dans la forêt vierge″]
[Sarluis, S.] Hommes ! voici le Messie. Préface d'Ernest La Jeunesse. impr. P. Dupont, 1898, In-4 °, 87 p.. - Par S. Sarluis, d'après la préface. Salomon Léonard Sarluis, peintre était un ami de Jarry et La Jeunesse.
Rouveyre (André) : 150 caricatures théâtrales, chroniques par Nozière, préfaces de Catulle Mendès et d'Ernest La Jeunesse. A. Michel, 1904, 267 p., ill., fig., couverture illustée.
La Boissière (Félix) : Ballades toutes nues. Préface par Ernest La Jeunesse. E.Sansot, 1904, 105 p.
Leroux (Joseph) : La Timidité n'existe plus ! Celui qui nous lit peut la vaincre !... Préface d'Ernest La Jeunesse... Union de la Presse, (s. d.), 307 p., couverture illustrée, in-16.
Martin (Louis-Léon) : L'Heure sincère, pièce en 4 actes. Préface par Ernest La Jeunesse. P. V. Stock, 1910, 5 ff. n. ch.-173 p., in-16. Cercle des "Escholiers" (Th. Femina) 6, 7, 8 mai 1910.
Michiels (Gustave) : Chansons anciennes du pays de France : paroles recueillies et mises en musique selon le style. Préface de M. Ernest La Jeunesse... Rouart, Lerolle et Cie, (1910), in-fol., 96 p., musique.
Quaitoun (L.) : L'Élevage rationnel des portées. Préface de M. Ernest La Jeunesse. Vincennes. Journal ″L'Éleveur″, 1912, in-8, VI-68 pp., fig., Bibliothèque de ″l'Éleveur″. Encyclopédie canine, publiée sous la direction de M. Paul Mégnin, I.
Sicard (Émile) : Films. E. Basset, 1912, 173 pp., in-8, préf. d'Ernest La Jeunesse.
Ducray (Camille) : Henri Rochefort (1831-1913). Ambert, (1913). 1 vol. (XII-321 p.), in-16.
Bonnefon (Jean de) : Conférences. Avec une glose de M. Ernest La Jeunesse... Mansi, (s. d.). In-16, 256 p., 255 p., 20 cm
Meunier (Alexandre) : Kounâla, drame en 4 actes, en vers. Avec une préface d'Ernest Lajeunesse. [Paris, Théâtre d'Astrée, 14 décembre 1912.] E. Figuière, (1913), in-16, X-129 p.
Leclerc (Alexandre) (pseud. le Bruyant Alexandre) : Des chansons... La Grande guerre. Préface d'Ernest La Jeunesse. Bois-Colombes (Seine) : E. Fallet, 1917, in-8, 120 p., fig., couv. Ill. Chansons et monologues interprétés par le Bruyant Alexandre.

Wilde (Oscar) : Salomé, drame en un acte. [Paris, Théâtre de l'Oeuvre, 12 février 1896.] Précédé de Notes sur l'auteur par Ernest La Jeunesse. Frontispice et illustrations dessinés et gravés sur bois par Louis Jou. G. Crès, 1917. in-16, 149 p., fig., pl. en noir et en coul., couverture illustrée. Le Théâtre d'art. 1

Illustrateur :
pour le programme du théâtre de l'Oeuvre : 1 affichette programme : illustration en noir, 28 x 38 cm, 1897. La comédie de l'amour, pièce en 3 actes d'Henrik Ibsen. trad. de Colleville et Zepelin ; spectacle du Théâtre de l'Oeuvre ; avec Paul Rameau dans le rôle de Falk et Firmin Gémier dans celui de Straamand Date de création : 23 juin 1897
Ibels (André) : Talentiers, ballades libres. Roy Lear, dessins d'Ernest La Jeunesse. Bibliothèque d'art de ″la Critique″, 1899, 130 p., illustration.
Il existe dans le catalogue de la B.N.F. de nombreux dessins de La Jeunesse, on en trouve d'autres, ajoutés, dans certains exemplaires de ses livres. Voir les illustrations pour ses propres volumes et pour son journal Ouste !.

Ernest La Jeunesse, 1874-1917.

On retrouve des anecdotes sur La Jeunesse dans le Journal de Paul Léautaud, à propos de Jean de Tinan et du Théâtre de l'Oeuvre, dans celui de Léon Bloy, pour deux simples mentions, ou dans celui des Goncourt. Apollinaire lui consacre un chapitre du Flâneur des deux rives. Arriviste, laid, méchant même, y apparaît La Jeunesse, chroniqueur et boulevardier, c'est l'habitué du café Napolitain, l'auteur rosse que l'on y retrouvera. Il faut lire la préface de la seconde édition de Les Nuits, les ennuis et les âmes de nos plus notoires contemporains, celle de 1913, illustrée par l'auteur, pour y découvrir un homme vieilli, sensible, conscient de l'image qu'il a pu laisser dans les lettres, il s'y montre comme un « gros homme patraque et résigné, esclave du jour, du soir et des faits divers, proie banale des caricaturistes et des gens de revues, qui promène sur les boulevards une silhouette trop familière et le pire sourire d'horreur », il y parle de ses « destins périmés » et dit « avoir l'air d'un bouffon gonflé, d'une vieille lune en décomposition, d'un accessoire de cotillon ou de brasserie » loin de cet « adolescent timide, fiévreux, dévoré d'ambition inquiète et d'orgueil famélique » de 1896.

Octave Mirbeau et Ernest La Jeunesse par Pierre Michel suivi de On demande un Empereur de Mirbeau et du chapitre de Cinq ans chez les Sauvages consacré à Mirbeau.
L'Ame de Joris-Karl Huysmans, extrait de Les Nuits, les ennuis et les âmes de nos plus notoires contemporains, sur le blog du Bulletin des Arts et Lettres Lovendrin.

et sur Livrenblog : Le Roi Bombance de Marinetti par Ernest La Jeunesse. Ernest La Jeunesse célèbre Fanny Zaessinger.