Si le ronflement maternel n'affecte pas les enfants, le ronflement des enfants est lié à l'aggravation de l'obésité et du risque métabolique plus tard dans la vie, conclut cette équipe du Beth Israel Deaconess (Harvard, Boston). L'étude, présentée dans la revue Metabolism confirme que l'excès de poids est étroitement associé à l'apnée obstructive du sommeil, un trouble du sommeil de plus en plus fréquent marqué par un fort ronflement. Or le syndrome d'apnée obstructive du sommeil (SAOS) affecte environ 5 à 10% des enfants de 8 à 11 ans. L'étude confirme aussi dans " l'autre sens " que le SAOS exacerbe le risque d'obésité et de ses comorbidités telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires.
De précédentes études menées chez l'animal ont suggéré déjà que la qualité de sommeil maternel peut affecter les résultats métaboliques de ses enfants. Ainsi des études sur des rats femelles exposées à une hypoxie intermittente - imitant le SAOS- en fin de gestation montrent que leur progéniture mâle prend plus de poids et mange plus, présente des niveaux élevés d'insuline, de triglycérides et de cholestérol à jeun soit des principaux biomarqueurs métaboliques de diabète et de maladies cardiovasculaires plus tard dans la vie.
Cette étude observationnelle longitudinale a examiné, de la grossesse jusqu'à l'adolescence, les relations entre le ronflement maternel, le ronflement à l'enfance et les caractéristiques métaboliques de 1.100 enfants dont l'indice de masse corporelle (IMC), la résistance à l'insuline et l'incidence de maladies cardiovasculaires. L'équipe a analysé les données d'analyse d'échantillons de sang des mères et des enfants évalués aux âges de 7 et 13 ans. Ces données comprenaient les horaires de sommeil des mères et des enfants, des données de mode de vie des enfants, dont le temps d'écran, la consommation de fast food et de boissons sucrées, la composition corporelle, la masse corporelle, la glycémie et le cholestérol, l'insulino-résistance et le risque métabolique global.
Un " cycle vicieux métabolique " : L'équipe constate que :
- si le ronflement maternel n'a pas d'effet majeur sur les enfants,
- les enfants qui ronflent risquent de développer une masse grasse plus élevée et l'obésité plus tard dans l'enfance ou l'adolescence. C'est ainsi la première étude à démontrer une relation bidirectionnelle entre le ronflement et le poids corporel chez les enfants, chaque condition augmentant le risque de l'autre au fil du temps : l'excès de poids corporel et le ronflement des enfants s'avèrent ainsi réciproquement prédictifs chez les enfants et les adolescents de cette cohorte, créant un " cycle métabolique vicieux ", explique l'auteur principal, le Dr Mantzoros, directeur de l'unité de nutrition humaine à l'Institut BIDMC : " Nos résultats confirment l'existence d'une boucle physiologique entre l'apnée du sommeil, qui entraîne une aggravation de l'obésité et un risque plus élevé de diabète et de maladies cardiovasculaires plus tard dans la vie ".
- Enfin, le ronflement des enfants déclarés par les parents au début de l'adolescence s'avère également fortement corrélé aux mesures du poids corporel telles que l'IMC et les dépôts de graisse dans le corps, aux niveaux sanguins de la leptine, hormone de la faim, aux niveaux de cholestérol HDL et au score de risque métabolique global.
Le besoin d'interventions précoces est confirmé avec ces résultats, avec pour objectifs la perte de poids ciblée et la prise en charge du SAOS pour rompre ce cercle vicieux entre mauvaise qualité de sommeil et obésité afin de prévenir les maladies chroniques plus tard dans la vie.
Cette révélation de la relation bidirectionnelle entre l'obésité et le SAOS chez les enfants a des implications majeures sur la santé publique étant donné la hausse de l'obésité infantile et ses conséquences sur la santé plus tard dans la vie.