Le musée africain de Lyon va fermer cette semaine. Petit musée dédié aux arts traditionnels d'Afrique de l'Ouest, il promouvait des patrimoines africains à sa manière. Peut-être moins à la "mode" que certains grands, peut-être entaché d'une réputation de collection "missionnaire" qu'il est de bon ton de gommer de nos jours, rappelant un passé colonisateur dont nous aurions honte.
Dans des vitrines surannées s’entassent ainsi poids à peser l’or, lances, poteries, masques et petites statues…. Que retiendrons-nous de ce musée africain de Lyon ?
Qu’il y avait des gens passionnés qui le faisaient vivre à l’image de Céline, médiatrice culturelle attachée au musée depuis de longues années.
Elle fut l'une de nos premières interlocutrices au début des voyages de l'association Détours des Mondes.
Que certains diront qu’il véhiculait une image poussiéreuse d’une Afrique qui n’est plus, qu’il n’est vraiment plus possible d’exhiber des objets de la sorte qui ont été collectés dans un contexte colonial. Tout cela est bien vrai, l'Afrique est un continent moderne et chez nous le musée des Arts et Traditions Populaires a fermé ses portes !… mais je crains que pour n’être plus montrables sous ce jour, ils deviennent persona non grata pour toujours
Et nous allons perdre la mémoire. Mémoire d’objets du quotidien pour beaucoup qui disaient les techniques et par suite la vie de tous les jours qui s’égrenaient au rythme des saisons.
Pour les écoliers français ils constituaient aussi des prétextes à s’interroger sur d’autres cultures, certes au travers de pratiques passées mais justement à resituer ce passé commun et à expliquer pourquoi la douleur est toujours là entre Afrique et France : Pour que demain puisse voir enfin des relations apaisées. Pourquoi avons-nous une récade de Béhanzin exposée dans cette vitrine ? Un emblème du roi Agadja ?...
Les objets sont de merveilleux ambassadeurs de dizaine de cultures sur lesquelles nous pouvons nous interroger à travers eux. Alors rêvons que certains fassent un vrai voyage afin d'être exposés en Afrique afin de constituer le socle de la mémoire de nombreux peuples de l’Ouest du continent… et ne finissent pas tous leur carrière d’objets dans la cave ou les ventes aux enchères !
Crains qu'un jour elle ne t'émeuve plus ...
Photos de l'auteure, Lyon novembre 2017.