C’est lundi et non, ce n’est pas ravioli mais bien la suite de notre palpitante série « Les Gros Sous de Bercy », dont nous avions déjà évoqué deux épisodes dans de précédents billets : dans le premier, on découvrait l’ampleur de la grosse blague de Bercy et on voyait déjà se profiler une belle catastrophe financière pour l’État ; dans le second, on se rendait compte que la baudruche trouée qui sert de Ministre de l’Économie n’avait rien trouvé de mieux qu’à en accroître l’ampleur sous les rires enregistrés d’une audience littéralement captive.
Cette semaine, un rebondissement fait son apparition dans le champ de mines qu’est devenu cette série.
Pour situer un peu le contexte, il est nécessaire de bien comprendre les tenants et les aboutissants de cette rocambolesque catastrophe financière qui va coûter bien plus qu’un pont à l’ensemble des contribuables français mais qui, bizarrement, semble nettement moins intéresser les journaux que le sort de Fillon, de Castaner ou de Halliday (dont l’impact sur les finances de tout un chacun sera pourtant nettement moindre).
La situation déjà croquignolette sombra rapidement dans le ridicule le plus pur lorsque les sociétés concernées décidèrent ensuite d’attaquer l’administration fiscale pour concussion, ce qui tient la route et pourrait bien aboutir (comme d’habitude) à un redressement bien poivré pour l’État.
Pour le moment, la facture s’établit douillettement autour des 10 milliards d’euros. Un petit milliard par-ci, un petit milliard par-là, et rapidement, on arrive à de jolies sommes pour un État qui, je vous le rappelle, manque (comme d’habitude) cruellement d’argent.
Malheureusement, son chemin de croix ne s’arrêtera pas là et seule l’assurance qu’il n’est absolument pas équipé intellectuellement pour comprendre la situation nous rassure sur sa bonne santé psychique : tout indique en effet qu’il va y avoir un spin-off de la série « Les Gros Sous de Bercy ».
Suite à la « découverte inopinée » de ce dossier, certains députés se sont emparés de la question pour essayer de savoir si, par le plus furieux des hasards, il n’y aurait pas d’autres cadavres dans le placard du Ministère de l’Économie. C’est la socialiste Christine Pires-Beaune qui a donc choisi d’éplucher les affaires en cours dans le traditionnel rapport annexé au projet de loi des finances.
Rebondissement, rigolade et gros montants : la facture totale pourrait largement dépasser les 10 milliards annoncés et atteindre les 22.6 milliards d’euros, répartis sur plusieurs contentieux fiscaux dont le dénouement se jouera dans les prochaines années.
C’est ainsi que, par exemple, on apprend que l’histoire du « précompte » pourrait provoquer un nouveau trou d’air de 5 milliards d’euros dans la trésorerie déjà exsangue de l’État : ce contentieux, qui remonte à plus de 10 ans, touche tout particulièrement les banques qui ont souvent racheté les créances des entreprises, alors que la justice européenne a invalidé un mécanisme français d’acompte et d’avoir fiscal sur les versements de dividendes. Pour le moment, les chamailleries continuent entre la Commission Européenne et les autorités françaises et la Cour de Justice de l’Union européenne a été saisie, avec une réponse attendue dans les deux ans. Avec un peu de chance, Bruno ne sera peut-être plus ministre d’ici là. Son patron, Emmanuel, n’aura pas cette chance…
Mine de rien, 22.6 milliards d’euros, cela fait une somme. C’est tellement énorme que cela nous rappelle le scandale financier du Crédit Lyonnais qui était parvenu, dans les années 90, à mobiliser un tant soit peu les rédactions et à faire comprendre au bon peuple français qu’il allait devoir rattraper l’incurie et l’incompétence d’une horde de politiciens et de financiers parfaitement détendus du claquage budgétaire.
On attend avec impatience le moment où ces mêmes rédactions sortiront de leur torpeur enamourée par Emmanuel Macron pour illustrer l’étendue des dégâts de Bercy sur les particuliers et les entreprises françaises. Il est temps que les Français prennent conscience de l’incroyable dérapage de leurs finances publiques et, par dessus-tout, de l’incompétence phénoménale et réitérée des politiciens responsables de cet immense gâchis.