On reconnait en couverture une photo de Robert Doisneau, quoique moins célèbre que le Baiser de l'Hotel de ville, mais tout de même.
Et pour moi qui avait conçu A bride abattue comme un manège de chevaux de bois sur lequel on pourrait tourner le temps qu'il plairait au lecteur, je ne pouvais qu'adhérer à la définition de Daniel Parokia : le monde est comme ces manèges pour enfants qui tournent incessamment dans les fêtes foraines. (p. 252)
Le microcosme lyonnais qu'il décrit n'est pas pour autant idyllique. La bourgeoisie évolue dans le luxe et Le luxe, ça rend un peu tordu, c'est l'étymologie du mot (p. 44). Forcément les choses seront difficiles mais Matteo est amoureux et ne veut pas être lucide malgré les mises en garde de son père qui tente de lui faire entendre raison (p. 237) : malgré leur manège, toi tu fais comme si rien ne s'était passé !
Le mot revient souvent, lancinant.
(...) Vivre n'était rien d'autre qu'être pris dans un tel manège. Qu'il s'y ajoute ou non une tromperie n'y changeait rien (...) elle le hanterait indéfiniment.
Elle se prénomme Mathilda et elle était particulière (p. 190). Je pourrais dire quelque chose d'approchant à propos de ce roman qui fait l'éloge d'un vin pétillant que j'apprécie (avec modération), le Cerdon, que Matteo découvre rosé (p. 60) et que je préfère rouge (pétillant lui aussi).
La jeune fille demande à son amoureux s'il l'emmènera au Mexique voir Teotihuacan (p. 130), ce que je devais faire quelques jours plus tard. Les coïncidences entre mes lectures et le déroulé de ma vie m'étonneront toujours. Elles m'interpellent et j'aime trouver ces points communs, de la même manière sans doute que l'auteur pointe la tendance à avoir envie de retrouver un amour d'enfance : les gens préfèrent le passé à l'avenir parce qu'il fait moins peur. (p. 70)
26 ans plus tard, une photo ramène Matteo à ses souvenirs, alors qu'il a eu un peu plus tôt un accident avec une parfaite inconnue, peut-être pas tant que ça puisque c'est Mathilda. Ils restaient deux enfants au soleil et, comme disait la chanson, c'était comme si tout recommençait. (p. 266)
Au lecteur d'imaginer la suite.
On se souviendra en refermant le livre qu'une apparition à une fenêtre peut changer le cours d'une vie.
Manège de Daniel Parokia, chez Buchet-Chastel