Sunshine est une nouvelle série de quatre épisodes qui a été diffusée du 18 au 26 octobre sur les ondes de SBS en Australie. Le titre fait référence à une banlieue pauvre en périphérie de Melbourne où évoluent trois amis originaires du Soudan du Sud : Jacob (Wally Elnour), Deng Deng (Ror Da Poet) et Santino (Autiak Aweteek). Ce dernier les met involontairement dans l’eau chaude après qu’un soir il ait volé une voiture dans laquelle ils sont tous embarqués pour faire un tour. Reste qu’à la fin de la nuit, une adolescente connectée au vol repose entre la vie et la mort et une enquête est ouverte. Après Deep Water (SBS) qui revenait sur l’histoire de l’homosexualité et The Warriors (ABC) qui mettait en scène la réalité de deux personnages autochtones dans le cadre du sport professionnel, c’est à Sunshine de nous sensibiliser au monde des minorités visibles dans une société qui à certains égards a encore beaucoup de chemin à faire. Ces initiatives des différentes banches du diffuseur public, loin de tomber dans le pédagogisme ronflant réussissent à nous divertir, tout en mélangeant habillement les genres.
Plusieurs nuages pour le moment
Le déroulement de cette soirée fatidique est assez compliqué. Ça commence dans un bar avec Santino passablement éméché qui décide de voler une Jaguar dans un le stationnement privé d’une riche demeure. Une fois le tour complété avec ses amis, c’est Jacob qui accepte de retourner la voiture à son propriétaire. Au moment où il arrive au bercail, la fille de celui-ci, Elly (Tiarnie Coupland) fugue en quelque sorte et le convainc de l’amener, toujours avec la même voiture chez son petit ami. Le lendemain, Elly est retrouvée inconsciente, transportée à l’hôpital et repose dans le coma. À ce moment, les policiers Sloane (Paul Ireland) et Prasad (Leah Vandenberg) ont tôt fait d’accuser tour à tour Santino, Jacob et Deng Deng puisque leurs empreintes sont partout dans la Porsche. Pratiquement condamnés d’avance, c’est l’avocate Zara Skelton (Melanie Lynskey) qui se propose de les défendre. C’est d’ailleurs son père adoptif, le révérend Neil (Kim Gyngell) qui est leur coach de basketball. À ce sujet, l’équipe n’est pas très performante jusqu’à ce qu’Eddie (Anthony LaPaglia) vienne le remplacer au point où des dépisteurs se donnent la peine de se déplacer pour les voir durant leurs matchs. Reste qu’Eddie n’a pas toujours été un enfant de chœur et que son attitude envers les Noirs par le passé fut loin d’être exemplaire.
C’est d’abord l’enquête qui prend le dessus sur le scénario et à l’image de séries telles Alias Grace (CBC), Liar (ITV) ou The Sinner (USA Network) qui s’amusent à jouer avec la temporalité, Sunshine n’a de cesse de revenir à l’aide de scènes assez brèves sur la nuit en question, nous en dévoilant un peu plus chaque fois sur le déroulement des événements. Au niveau du suspens, le résultat est qu’à la fin des trois premiers épisodes, on nous laisse entendre qu’un des athlètes à quelque chose à cacher dans toute cette histoire, ce qui les rend suspects l’un après l’autre.
L’autre différence avec les drames policiers plus conventionnels est qu’on a droit ici à des enquêteurs exécrables qui tournent allégrement les coins ronds dans le seul but d’arriver à leurs fins. Et dans tous ces quiproquos que nous sommes à même de découvrir au fil des épisodes, c’est Zara qui est appelée à fournir des efforts considérables pour éviter une condamnation trop hâtive. Reste que par-dessus tout, elle ne le fait pas pour sa carrière, mais dans le but de donner une chance à ces jeunes hommes qui malgré leurs déboires s’inséreront dans la société la tête haute.
Une intégration difficile
C’est justement le sujet principal de Sunshine puisqu’au final, l’enquête se révèle tout de même facile à élucider et de toute façon, au moment de sa résolution l’attention du téléspectateur est ailleurs. C’est qu’on se rend compte que les raisons des joueurs de mentir aux policiers ont toutes à voir avec leurs déboires personnels (amoureux, politiques, etc.), en lien avec leur statut d’immigrés et de la stigmatisation dont ils sont victimes. D’abord, tous les trois sont suspectés en raison de la couleur de leur peau alors qu’on laisse tranquille leur copain Daz (Nick Perry), le seul Blanc de l’équipe qui pourtant cache lui aussi des secrets. Sinon, c’est leur première rencontre avec Eddie qui est assez révélatrice. Travaillant dans un magasin de sport, il est persuadé qu’ils ont volé de l’équipement et il téléphone sur-le-champ à la police. Au moment où celle-ci les retrouve, les trois amis fuient et parviennent à la semer, mais on apprend plus tard qu’ironiquement, ils n’ont rien à se reprocher. Ils se sauvent donc des forces de l’ordre par instinct de survie…
Le personnage d’Eddy n’est pas en reste. Ancien joueur étoile de basketball, au moment même où il a du succès avec sa nouvelle équipe, une vidéo de lui datant de quelques années refait surface. On y voit les médias qui ont filmé une altercation entre lui et des Noirs qu’il roue de coups et d’insultes. Dès lors, toutes les questions de racisme, de la repentance et de la confiance sont abordées avec sobriété, mais justesse. Au final, c’est le bout de chemin accompli, pas seulement par Deng Deng, Santino et Jacob qui nous touche, mais celui de toute une communauté qui fait face à ses contradictions. Les dernières scènes empreintes de positivisme ne manquent pas de nous faire sourire d’ailleurs.
Le premier épisode de Sunshine a attiré 228 000 téléspectateurs et 157 000 étaient toujours présents la semaine suivante pour la conclusion. En tout, l’auditoire moyen pour la série est de 175 000, ce qui est assez bien pour un réseau de niche comme SBS.
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