Du 25 novembre 2017 au 13 janvier 2018 - Vernissage vendredi 24 novembre - 18h30-20h30
http://galerieanniegabrielli.com/Entre humour et désarroi, l'imaginaire de Marc Gaillet entre en collusion avec l'immédiateté de l'actualité1 et sa mise en scène dans des photographies qui mettent en évidence la capacité inexorable de l'être humain à répéter
l'incommensurable.
Il est question d'un crâne rouge imposant sur le format et éclatant sur le fond noir constitué d'une multitude de figurines de plastique (Game Over). Ou encore d'une grenade, nimbée de paillettes, d'un rose vif et saturé qui rompt avec l'engin explosif à main que l'on connaît, à travers laquelle Marc Gaillet dénonce la banalisation des armes de guerre (Candy Boom Boom). De la Statue de la Liberté (Golden Years) qui s'effondre et se brise en mille clous dorés ou encore d'un tigre en pleine nature qui affiche une fierté certaine, muni d'une valise recouverte d'une peau identique à la sienne (Voyage au bout de l'enfer 1).
Quand la vanité se compose des petits témoins de l'enfance, quand l'arme se pare de couleurs gourmandes - que d'aucuns diraient " féminines " - qui évacue la violence, quand, enfin, la proie s'humanise en laissant entendre qu'elle est le chasseur... Il s'agit de reconfigurations du réel.
L'artiste, en nous donnant à voir des signes, voire des symboles appartenant à l'imaginaire collectif et à une imagerie usuellement stéréotypée, nous déplace dans nos représentations, comme dans nos habitudes perceptives. Jouant sur les contrastes, les ruptures visuelles et sémantiques, il créé tensions et paradoxes par des mises en relation incongrues, des télescopages d'objets, de textures et de matières, des collisions surprenantes.
Tout et partie, solidité et fragilité, séduction et effroi, légèreté et gravité, animalité et humanité... toutes ces oppositions présentes dans les photographies placent le spectateur dans une double lecture, faite d'émotions et d'interprétations contradictoires.
Nous sommes dans un entre-deux, sur le fil du rasoir... Ce que nous voyons au premier regard n'est jamais ce que nous comprenons finalement ni ce que nous savons. Une déstabilisation des sens et du sens s'opère alors que notre corps s'approche ou s'éloigne pour mieux apprécier ce qui lui est donné à voir dans les grands formats que l'artiste privilégie. Pour le décrypter, pour faire en sorte que l'image se (dé)livre après le trouble de la séduction et de la familiarité trompeuse.
Rejouant et déjouant les représentations communes et bousculant nos manières de voir, l'artiste transfigure le réel en le parant de voiles contradictoires et nous berce ainsi d'illusions... Gardons en tête que ces artefacts et ces trompe-réel sont aussi là pour nous rappeler la duplicité de la photographie et nous inviter à toujours regarder audelà des apparences, par-delà la fascination.
1 Avec Human Nature, il est question de la violence de notre civilisation. Marc Gaillet imagine que, dans deux mille ans, cette
violence aura totalement disparu, qu'il ne subsistera que les résidus de nos pratiques guerrières. Le 7 janvier 2015, alors que
l'oeuvre est finalisée, il reçoit un appel téléphonique d'une journaliste qui l'informe de la fusillade de Charlie Hebdo... Ils
conversent avec désarroi et tristesse. A cet instant, Human Nature n'est plus une oeuvre d'anticipation, elle naît au coeur d'une
réalité glaçante
Galerie Annie Gabrielli. 33 avenue François Delmas (av. de Nîmes) 34000 Montpellier +33 (0)6 71 28 53 24 :