La résistance bactérienne combinée à plusieurs antibiotiques ou multirésistance progresse en Europe, alerte l'Agence sanitaire de surveillance européenne (ECDC) à l'occasion de cette 10ème Journée européenne de sensibilisation aux antibiotiques du 18 novembre. Les dernières données sur la résistance aux antibiotiques dans l'UE montrent en effet qu'en 2016, la résistance combinée à plusieurs groupes d'antibiotiques a continué de progresser chez les espèces Escherichia coli et Acinetobacter. La situation est jugée très préoccupante car les patients infectés par ces bactéries multirésistantes ont des options de traitement très limitées. Enfin, l'ECDC publie de nouvelles recommandations pour la prévention et le contrôle des entérobactéries résistantes aux carbapénèmes.
La Journée européenne de sensibilisation aux antibiotiques coordonnée par l'ECDC (European Center for Disease Control and Prévention) incite aussi à des campagnes nationales durant la semaine du 18 novembre, qui visent à sensibiliser à l'utilisation prudente des antibiotiques, uniquement lorsqu'ils sont nécessaires, à la bonne dose, suivant le schéma adéquat, la bonne durée du traitement avec la nécessité d'une parfaite observance du patient. Dans le même temps, l'Organisation mondiale de la Santé pilote une Semaine mondiale de sensibilisation aux antibiotiques (WAAW) avec le slogan " Antibiotics: Handle with Care ". La campagne de l'OMS appelle ainsi le public, les politiques et les professionnels de santé à manier ce précieux outil pharmacologique avec précaution.
La résistance croissante aux antibiotiques de dernière ligne impose en effet de marteler ce message d'usage circonstancié. Car sans prise de conscience et mise en œuvre des mesures d'usage, l'avenir est " effrayant " pour la chirurgie de routine, l'accouchement, la pneumonie et même certaines infections cutanées qui pourraient devenir mortelles. Ainsi, le nouveau plan d'action de l'UE contre la résistance aux antimicrobiens, adopté en juin, vise à renforcer et unifier les actions des États membres en matière de réponses innovantes, efficaces et durables à la multirésistance microbienne.
Les bactéries " les plus menaçantes " :- Escherichia coli présente une résistance combinée aux fluoroquinolones, céphalosporines et aminoglycosides de troisième génération, croissante depuis 2013. Escherichia coli est l'une des causes les plus fréquentes d'infections communautaires et nosocomiales, sanguines et des voies urinaires ;
- en 2016, des taux élevés d'isolats d'espèces Acinetobacter présentent une résistance combinée aux carbapénèmes, aminoglycosides et fluoroquinolones ont été signalé dans le sud et le sud-est de l'Europe, ainsi que dans les pays baltes. Acinetobacter provoque principalement des infections associées aux soins de santé (IAS) telles que la pneumonie et les infections sanguines, et déclenche souvent des épidémies hospitalières. Les espèces d'Acinetobacter peuvent persister dans l'environnement des soins de santé et sont difficiles à éradiquer une fois établies,
- si le taux de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) a diminué entre 2013 et 2016, le SARM demeure un problème, 10 pays sur 30 indiquant encore des pourcentages élevés. Le staphylocoque doré résistant à la méticilline reste ainsi l'une des causes les plus fréquentes d'infections nosocomiales dans le monde ;
- la résistance globale de Klebsiella pneumoniae semble se stabiliser en Europe, cependant certains pays montrent encore une augmentation de la résistance combinée. Klebsiella pneumoniae est une cause fréquente d'infections des voies urinaires, des voies respiratoires et du sang. La bactérie peut se propager rapidement entre les patients au sein des établissements de santé ;
Les carbapénèmes face à une résistance croissante : cette classe majeure d'antibiotiques ne parvient plus dans un nombre de cas croissant à éradiquer les bactéries multirésistantes dont les Enterobacteriaceae (CRE). Seule solution, la polythérapie comportant des antibiotiques plus anciens, tels que la colistine. Cependant, l'émergence de la résistance à la colistine est elle-aussi en progression et les options s'amenuisent.
Un organigramme décisionnel face aux multi-résistances : l'ECDC de nouvelles mesures et orientations permettant de mieux définir quels patients, à l'admission à l'hôpital, sont à risque de multirésistance et nécessiteront ainsi des mesures spécifiques de prévention et de contrôle des infections. Des mesures à mettre en œuvre par les hôpitaux européens et tous les établissements de santé pour empêcher l'entrée et la propagation de ces multirésistances.
On l'aura compris, aujourd'hui les patients infectés par ces bactéries multirésistantes ont déjà des options de traitement très limitées. De mesures d'hygiène parfois simples comme le lavage des mains et le bon usage des antibiotiques, peuvent prévenir la propagation de cette résistance aux antimicrobiens dans les communautés comme les établissements de santé.