de savoir qui je suis, bien de chercher seulement quoi faire
de mes journées, jusqu’à ce que mes points faibles se déchirent
en moi comme un vieux drap usé. Et rentré dans ma chambre
je n’entends plus le fleuve se couler dans le temps,
ni la lune qui émerge de l’ombre de la terre,
je vois seulement l’eau qui jamais ne se répète.
C’est tellement difficile de regarder le Monde
et le fond de son cœur, les deux au même instant.
Entre-temps, une vie a passé.
*
I feel pleasantly old and stupid, deciding
not to worry about who I am but how I spend
my days, until I tear in the weak places
like a thin, worn sheet. Back in my room
I can’t hear the river passing like time,
or the moon emerging from the shadow of earth,
but I can see the water that never repeats itself.
It’s very difficult to look at the World
and into your heart at the same time.
In between, a life has passed.
***
Jim Harrison (1937–2016) – After Ikkyu and Other Poems (Shambhala, 1996) – Extrait du poème « The Davenport Lunar Eclipse » – L’Éclipse de lune de Davenport et autres poèmes (La Table Ronde, 2016) – Traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre.