Hier soir avait lieu la remise du prix Goncourt des lycéens, remis à Alice Zeniter, pour son roman L'art de perdre dans lequel elle raconte le parcours d'une famille de harkis sur plusieurs générations en s'inspirant de l'histoire de sa propre famille.
Tahar Ben Jelloun a ouvert le bal des discours en soulignant combien la guerre d'Algérie restait un sujet sensible en raison des mémoires meurtries, et il a admiré le courage de Alice Zeniter qui a su aller encore plus loin en s'intéressant aux harkis. Pour lui, le roman d'Alice Zeniter est un roman traduit du silence car personne n'avait envie de raconter cette part maudite, cette malédiction liée aux harkis et à la guerre d'Algérie, et c'est finalement grâce à la littérature que la parole a pu se faire. Il a remercié les lycéens de leur choix, l'académie Goncourt avait porté L'art de perdre jusqu'à la dernière liste, mais L'ordre du jour de Eric Vuillard l'avait supplanté dans la course finale. Il est heureux qu'aujourd'hui les lycéens le choisissent. Il conclue en disant combien il a été ému par cette histoire qui a levé le voile sur une tragédie sans fin.
Enrique Martinez, directeur général de la Fnac Darty, a ensuite pris la parole en rappelant que cette édition couronne les 30 ans du Goncourt des Lycéens, avec plus de 30000 lycéens qui ont participé au prix. Il cite une citation de Vargas Llosa qui affirmait que la chose la plus importante qu'il avait pu faire dans sa vie fut d'apprendre à lire. Pour la Fnac il s'agit d'un enjeu important de continuer. La lecture plus que jamais. Le recteur de l'académie de Paris, Gilles Pécout, a lui aussi insisté sur l'importance du prix et de la lecture. Il a remercié Alice Zeniter d'avoir élaboré une oeuvre d'art avec un pan de notre histoire.
La présidente du jury des lycéens s'est ensuite exprimée avec beaucoup d'émotion, elle a mis l'accent sur les sensations inoubliables ressenties à la lecture du roman de Alice Zeniter, sur le fait que la lecture lui a permis de développer une maturité et de prendre de la hauteur.
Pour finir, Alice Zeniter, elle-même très émue s'est exprimée. Pour elle il était important de donner des mots à ceux pour qui les mots sont des lieux d'enfermement. Elle voulait aussi parler de la transmission, sur trois générations, de ce qui passe d'une génération à une autre : comment se transmet la culture, mais aussi comment se transmettent les angoisses, les hontes, les traumatismes. Naïma, l'héroïne de son roman est une jeune fille en mouvement, et ce mouvement continue à travers ces lycéens à qui elle a transmis son histoire.
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Ce dernier a d'ailleurs fait une apparition, très fair play pour féliciter sa consoeur.
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L'art de perdre de Alice Zeniter Bakhita de Véronique Olmi Summer de Monica Sabolo Merci aux équipes de la Fnac qui m'ont permis de suivre le prix sur la durée et au réseau Canopé pour leur accueil.