Très peu de patients atteints de fibromyalgie vont suivre correctement leur traitement pharmacologique, révèle cette étude israélienne, menée en contexte réel. Est-ce en raison de la durée et d'un schéma de prise quotidienne des traitements, de leur nature et de leurs effets secondaires, de la stigmatisation sociale, de l'incrédulité des patients et du manque d'efficacité, d'une insuffisance de communication entre le patient et le médecin ? Ces conclusions, présentées dans le Journal of Rheumatology associent ce manque d'observance au fait que seule une petite minorité de patients obtiennent un vrai bénéfice thérapeutique et restent disposés à poursuivre leur traitement au-delà d'un an.
Environ 2 à 5% des femmes dans le monde souffrent de fibromyalgie. En l'absence de traitement " définitif " disponible, les traitements ciblent les symptômes, dont les douleurs, les troubles du sommeil et des fonctions physiques générales. L'étude, menée par une équipe de Tel Aviv, soutenue par le laboratoire Pfizer, tente de décrypter pourquoi l'observance des traitements médicamenteux est extrêmement faible chez les patients atteints de fibromyalgie : seuls 9,3% des patients suivis par l'étude ont poursuivi leur traitement médicamenteux pendant plus d'un an.
Car il y a les médicaments et les stratégies thérapeutiques non pharmacologiques telles que l'exercice et les thérapies cognitives. Du côté pharmacologique, la majorité des médicaments prescrits visent à réguler la fonction neuromodulatrice. Ainsi, les classes de médicaments les plus couramment utilisées sont les antidépresseurs tricycliques, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), les antidépresseurs sérotonine / noradrénaline (IRSN) et l'anticonvulsivant Lyrica (prégabaline).
Cette étude de cohorte rétrospective menée chez 3.932 patients adultes, à diagnostic de fibromyalgie posé entre 2008 et 2011 et à 89% des femmes, a évalué le délai d'observance du traitement et la proportion de jours couverts au cours de l'année suivant la première prescription. Une proportion <20% a été considérée comme une faible adhésion et une proportion ≥ 80% comme une adhésion élevée. La prise de médicament avant le diagnostic a été documentée chez 41% des participants. Sur les 2.312 patients restants, 56% ont reçu une prescription, 45% au moins 1 médicament dans l'année suivant le diagnostic et 29% des prescriptions 2 fois au cours de la première année suivant le diagnostic.
Plus de 60% des patients adhèrent moins de 20% du temps de traitement :- chez les patients à première prescription, l'arrêt au cours de la première année de traitement est le plus fréquent (91,0%) pour les antidépresseurs tricycliques et le plus faible pour les antidépresseurs ISRS / IRSN (73,7%).
- Plus de 60% des patients, quel que soit le traitement prescrit, ont adhéré moins de 20% du temps de traitement ;
- seuls 9,3%, plus de 80% du temps de traitement.
- Enfin, l'anxiété et la dépression sont 2,2 fois plus fréquentes chez les patients ayant reçu un traitement avant leur diagnostic de fibromyalgie.
L'étude montre clairement une persistance et une observance des traitements pharmacologiques extrêmement faible des patients fibromyalgiques. Pour ces patients, comme pour beaucoup d'autres souffrant de maladies chroniques, l'observance du traitement peut être difficile. Des résultats, commentent les auteurs, en accord avec ceux de précédentes études qui suggèrent en outre que seule une petite minorité de patients obtient un bénéfice thérapeutique clinique.
Ces données renforcent évidemment l'importance du besoin urgent de nouvelles thérapies avec une efficacité améliorée et une bonne tolérance des patients et incitent aussi à recourir aux thérapies alternatives dont l'efficacité a déjà été démontrée.