Patrick Laumond et le Métahisme

Publié le 14 novembre 2017 par Thierry Grizard @Artefields

Patrick Laumond chantre du MétaHisme


Patrick Laumond, art contemporain, plasticien | Publié par Thierry Grizard le 14 novembre 2017. 

Plasticien, métaphysicien ?

Voici un plasticien bien étonnant, relativement inclassable. On pourrait dire qu’il appartient au courant de l’art conceptuel, pourtant le texte est absent, tout du moins dans l’espace de l’exposition. Le langage est cependant sa première préoccupation.

© Patrick Laumond. “Le Poids De L’Invisible, Metahism”.

Patrick Laumond tente de créer après CoBrA, Christian Dotremont et quelques autres un système de signes visuels et graphiques susceptibles de faire parler le lieu, l’espace entre les choses, ici des modules géométriques que des lignes polygonales relient comme une syntaxe. C’est un flux énigmatique qui semble irriguer les pièces isolées d’un parcours faisant sens. Le plasticien est d’ailleurs prolixe sur ce point en méta-texte. En effet, il délivre toute une littérature métaphysique à tonalité néoplatonicienne qu’il a lui-même intitulée le Métahisme. Un commentaire off, hors installation, très fourni et abondant, dont on cherche à discerner la part d’ironie, voire d’absurde au sens fort et « philosophique ».

Le Métahisme

Définition du MétaHisme selon l’artiste : « Le MétaHisme est un courant artistique qui exprime et matérialise la pensée humaine sous la forme d’un méta-paradigme. Cet Art de la conscience relie une vision globale des événements visibles et invisibles simultanément. META, car exprimant le Tout, ISME comme concept et suffixe universel, que l’on retrouve dans tous les mouvements et H, huitième lettre de l’alphabet, (lettre de l’infini, de passage,∞, lemniscate), séparatrice et unificatrice. »

Du cinétique suspendu

On pense évidemment au Bahaus et les recherches cinétiques de Moholy-Nagy ou Oskar Schlemmer ainsi qu’aux épures géométriques de Mondrian. Schwitters n’est pas non plus très loin avec l’invention des Merz. Ce graphisme spatial est d’ailleurs assez proche, par certains points, du travail de Monika Grzymala.

© Patrick Laumond. “Brisure De Symetrie-Metahism”.

Toutefois, hormis ces filiations, le plus frappant dans ce langage visuel est qu’il souligne avant tout le vide et les actions suspendues générées par le système mis en place. Nombre de pièces sont des parcours modulaires et solides aboutissant à du liquide (noir ou bleu Klein) s’épandant, par exemple, d’un cube vers le vide dont une plaque de verre fixe opportunément la rémanence.

Système et démiurge

L’art de Patrick Laumond est une sorte de langage en volume et dynamique. Un cosmos systématique voire systémique qui est, il l’explique lui-même, une sorte de discours holistique, une machinerie « divine » révélant les briques et lois élémentaires d’un univers imaginaire mais profondément discursif. Il ne manque à ce mécanisme démiurgique et divinatoire que le mouvement. A découvrir et explorer.

© Patrick Laumond. “L’Equilibre Du Présent (Déploiement)”.


Le site de l’artiste

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