Réparer la porcelaine...tout un art

Publié le 15 novembre 2017 par Adoptez Une Ordure! @Adoptez1Ordure

Aujourd'hui, c'est la journée mondiale du recyclage, certes!

Mais à Adoptez Une Ordure! on voulait vous parler d'une technique japonaise encore méconnue en France qui permet de réparer la porcelaine cassée tout en la valorisant grâce à l'art du kintsugi ou Jointure d’Or , une technique qui remonte au 15ème siècle environ. Une technique que l'on doit à Ashikaga Yoshimasa.

Vous venez de casser un objet en porcelaine auquel vous tenez, il vous vient d’un être cher, il a une valeur sentimentale et vous culpabilisez, vous vous sentez responsable de la catastrophe.

Vous allez peut-être essayer de le réparer à l’identique en essayant de masquer au mieux les cicatrices inévitables. Mais le résultat est rarement probant. Les petits éclats qui se sont émiettés au sol, vous ne pourrez jamais les inclure dans la reconstitution. La réparation va s'avérer décevante et bien souvent, tout va finalement finir à la poubelle ou dans un placard, loin des regards. 

Ce mode de réparation est typique de notre civilisation: essayer de réparer à l’identique. Mission quasi impossible.

Les japonais ont une toute autre approche de la réparation depuis le XVème siècle

L’art du kintsugi

En effet, au XVème siècle le Shogun Ashikaga Yoshimasa casse son bol à thé fétiche, il l'envoie en Chine pour le faire réparer.

A l'époque déjà, la réparation n’a pas plu et a été jugée inesthétique.

C’est donc à cette période qu'est venue l’idée de la technique qui permet de mettre en valeur les cicatrices malheureuses, au lieu de les camoufler comme des imperfections.

Les défauts sont considérés comme des suppléments d'âme qui subliment un objet cassé ou abîmé.

Et grâce à ce savoir-faire, un objet précieux, par sa valeur vénale ou par sa valeur sentimentale, devient une pièce définitivement unique.

Le « Making of »

Il s’agit de récupérer un maximum de morceaux brisés et de les utiliser pour reconstituer la pièce d’origine .

Comment?

Avec de la laque urushi, un produit dérivé de la sève de l'arbre à laque de Chine mélangée à une couche de poudre d'or fin.

Un art de l'upcycling reconnu, même si le terme à l'époque n'existait pas!

Au Japon, les céramiques ainsi réparées sont parfois plus prisées sur le marché de l’art que leurs homologues encore intactes.

On dit même que certains briseraient délibérément leurs porcelaines pour les voir sublimées grâce à cette technique ancestrale.