Maintenant que la fête footballistique, que les fêtes footballistiques, devrais-je dire, sont finies, qu'allons-nous faire?
Maintenant que les drapeaux rouges des supporters du Widad de Casablanca sont rangés, une fois que ce club est déclaré "champion d'Afrique des Clubs", qu'allons-nous faire?
Attendre le prochain "Mundialito" et espérer bien entendu avoir quelques moments d'espoir, de joie, de bonheur, de fièvre, de fierté....A moins que l'on tombe de haut et que les résultats sous le soleil des Emirats ne soient pas aussi brillants que sous celui de Casablanca.
Mais bon c'est un jeu, le foot, un jeu et rien d'autre!
Maintenant que l'Equipe Nationale de football est qualifiée pour la Coupe du Monde 2018, que Hervé Renard et ses poulains auront encaissé les chèques qu'ils ont ont largement mérité pour voir redonner au pays un beau moment de rêve, de bonheur, de fierté et d'espoir, qu'allons-nous faire?
Attendre le 1er décembre prochain pour savoir à quelle sauce nous serons mangés l'été prochain, car nous serons mangés, dévorés, il ne faut pas se leurrer, car la Coupe du Monde est une affaire de très grandes équipes, de gros sous et d'intérêts énormes qui nous dépassent de loin!
Ni le titre africain du Widad ni la qualification des Lions de l'Atlas ne changeront d'un iota la situation du citoyen de base marocain, qui aura à affronter les mêmes problèmes qu'il y a deux semaines, la même administration, la même police, la même justice, les mêmes prix affichés ou pas dans les marchés, le même enseignement, la même santé publique, les mêmes transports en commun.
Pourtant pendant quelques heures, rien de tout cela n'avait d'importance...Juste pendant quelques heures, de Tanger à Layoune, de Casablanca à Oujda, de Fez à Agadir et de Kenitra à Errahidia, les marocains et les marocaines ont été comme sur un nuage!
Etait-ce pour oublier leur problèmes ou les avaient-ils réellement oublié durant cette folle nuit de samedi dernier?
Le football est l'opium moderne des peuples même les plus modernes, les plus riches : demandez aux Brésiliens, demandez aux Italiens, demandez aux Espagnols.
Depuis notre atterrissage sur le terrain de la réalité, le Maroc a retrouvé ses mêmes problèmes avec un gouvernement qui n'en est pas pas un : les ministres limogés ne sont pas encore remplacés et leur remplacement n'est pas pour bientôt à ce que l'on voit!
Le stress hydrique menace très sérieusement le pays et rien ne semble avoir été mis en place pour y faire face ou du moins pour le limiter.
Difficile de lister tous les problèmes que nous connaissons, et que nous avons oublié l'espace d'une soirée, l'espace de deux soirées, après deux victoires en football, réalisées grâce à la sueur de deux bandes de joyeux lurons emmenés par deux entraîneurs, meneurs d'hommes formidables et peut-être grands stratèges en leur matière.
On peut retenir comme gros problème qui est aussi le syndrome de la maladie chronique que notre scène politique vit depuis des années : le PJD parti majoritaire au parlement, parti dirigeant le parlement, va peut-être se livré poings et mains liés pour les quatre prochaines années à son actuel S.G. et devenir ainsi le parti qui combat l'acutel gouvernement! N'avons-nous pas assez de ^problèmes pour que cette situation ubuesque ou kafkaïenne ou tout simplement "johaienne", ridicule et dangereuse, se produise.
Ne l'oublions pas, c'est autrement plus important que notre qualification à n'import quelle compétition sportive, à tous les succès sportifs du monde!
Soyons er restons réalistes! IL Y A DES CHOSES PLUS IMPORTANTES QUE LE FOOTBALL !
Du temps des romains, la règle pour maintenir la paix sociale était : "PANEM ET CIRCENSES" (du pain et des jeux)..Mais nous ne sommes plus au temps de César!
Du temps de Franco, les espagnols disaient "HOY PAN Y VINO, MANANA SERA OTRO DIA" (aujourd'hui du pain et vin, demain sera un autre jour)! Franco a disparu et l'Espagne a évolué.
Actuellement, LE FOOTBALL EST L'OPIUM DES PEUPLES : beaucoup le pensent avec raison, du simple citoyen lambda comme moi au politicien aguerri comme Jean-Luc Mélenchon, en passant par beaucoup d'internautes sérieux et engagés, et en faisant un crochet par des poètes comme l'algérien Sadek BELHAMISSI qui affirme que " quand la démocratie est absente, le foot ball est l'opium du peuple" et en s'arrêtant sur l'ouvrage de Jean-Marie BROHM et Marc PERELRMAN intitulé " LE FOOTBALL, UNE PESTE ÉMOTIONNELLE " paru chez Gallimard en 2006.
Il nous faut donc nous méfier de ce truc-là, ne pas lui donner plus d'importance qu'il n'a, c'est à dire le maintenir à la place qui est la sienne dans la société : UN SIMPLE JEU et nous concentrer sur l'essentiel de la vie : le travail, la préparation des générations futures et la sauvegarde de la planète.
APPLAUDIR UN BUT OU UNE VICTOIRE est la chose la plus facile à faire ...Mais le rôle du citoyen est plein plus compliqué que cela!
Ne l'oublions pas !