** Si l’on en croit Bill Bonner, “la nouvelle mode sera de réduire, diminuer ses dépenses, faire avec ce qu’on a. A peine visible aujourd’hui, la frugalité se fera de plus en plus nette jour après jour. Pour l’instant, les gens sont encore un peu embarrassés… un peu honteux de devoir réduire leur train de vie. Mais bientôt, ce sera populaire… à la mode… pour enfin devenir quasi-obligatoire”.
- Hum… “les prix grimpent en Europe comme aux Etats-Unis. Le pain a augmenté de 12% en Allemagne ces 12 derniers mois. Le beurre a grimpé de 45%. Le lait, de 25%”.
- La hausse des prix provient souvent de l’émission de devises. “Forcer le monde à avaler deux milliards de dollars par jour (plus de consommation)”, nous rappelait Warren Buffett récemment, “n’est pas compatible avec un dollar stable (plus d’inflation)”. Nous partageons les inquiétudes de M. Buffett. Bernanke continue d’imprimer. Les politiciens continuent de promettre. Les ponts continuent de s’effondrer. Les quatre branches de l’armée continuent de dépenser.
- Nous avons lu avec regret il y a quelques jours que le coût estimé des soins médicaux aux vétérans américains des guerres d’Irak et d’Afghanistan dépassait les 500 milliards de dollars, un chiffre équivalent au total des dépenses militaires consacrées à ces guerres jusqu’à ce jour. Et puisqu’on parle puissance militaire, sachez que selon les estimations de Robert Gates, secrétaire à la Défense US, le Pentagone dépensera plus de 685 milliards de dollars rien que l’an prochain. C’est 170 milliards de dollars de plus que les 515 milliards proposés par le président dans son tout premier budget à 3 000 milliards de dollars.
- Et si ça ne suffisait pas, Gates ne pense pas que ce chiffre sera tenu. “Je n’ai aucune confiance en ce chiffre”, a-t-il admis. On peut s’attendre à voir les estimations grimper.
- Une centaine de milliards par ici… une centaine de milliards pas là. Qui tient les comptes ?
- Personne, apparemment.
** Mais cela ne signifie pas que le S&P 500 ne peut pas résister à l’orage. Les entreprises composant l’indice Standard & Poor’s 500 font désormais 49% de leurs revenus sur les marchés étrangers, en hausse par rapport aux 30% de 2001.
- Malheureusement, bon nombre d’investisseurs confondent indice S&P vigoureux avec économie américaine forte. Nous aurions tendance à voir les choses autrement. Nous voyons une économie affligée de dettes, plus de dettes et encore plus de dettes. Nous voyons un consommateur américain bien près de jeter l’éponge. 34% des Américains se considèrent désormais comme “non-privilégiés”.
- Ce n’est pas étonnant. Plus de 405 000 propriétaires ont vu leurs maisons saisies l’an dernier.
- La plupart des Américains de la classe moyenne — ceux qui nourrissent l’économie “achetez maintenant, payez plus tard — ont dépensé bien au-delà de leurs moyens. Les Américains perpétuent actuellement un taux d’épargne négatif. Cela ne peut pas durer éternellement.
- Le pétrole bon marché et le crédit facile ont alimenté cette ère de consommation… cette époque dorée de la gratification instantanée
- Mais les jours du pétrole ultra-bon marché sont bel et bien derrière nous. “La marine américaine, par exemple”, déclare Byron King, notre spécialiste du pétrole, “conçoit actuellement ses futures navires sur une base de 225 $ le baril pour le prix du carburant fossile”. Les jours du crédit facile semblent eux aussi comptés.
- Bref, les Américains seront forcés de consommer de moins en moins. Il nous semble que les réductions des dépenses sont la seule option.
** Les investisseurs devraient donc se méfier des valeurs qui dépendent des consommateurs américains. Nous vous suggérons notamment la prudence en ce qui concerne des entreprises comme Apple Computer ou Starbucks.
- Nous n’avons aucun reproche particulier à formuler à l’encontre de ces entreprises. En fait, nous aurions pu en choisir trois autres tout aussi facilement.
- Pour dire les choses simplement, si M. Tout-le-Monde perd sa maison et sa carte de crédit, nous aurions tendance à penser qu’il utilisera ses derniers deniers pour acheter du papier-toilette et un paquet de cigarettes, plutôt qu’un iMac dernier cri et un café à 3 $ la tasse. En plus, les actions de ces entreprises ne sont pas bon marché.
- Quant à savoir quoi acheter, posez-vous la question : quelles entreprises peuvent augmenter leurs prix dans un tel environnement ?
- Pensez à des choses dont vous avez besoin. La bière et les cigarettes me viennent en tête. Et on pourrait aussi parler du shampooing et des pansements. L’idée, c’est que même si les choses se gâtent, on continuera (du moins je l’espère) à se laver les cheveux et à bander ses plaies.
- Demandez-vous aussi si l’entreprise à laquelle vous vous intéressez peut contrôler ses coûts de base. Lorsque les prix des céréales, du boeuf et du poulet grimpent en flèche, une société de restauration peut-elle facilement répercuter la hausse de ses ingrédients de base à un client qui a du mal à joindre les deux bouts ? Les marges souffriront-elles ?
- Vous voyez l’idée. Et si vous voulez malgré tout investir sur les marchés américains, nous pensons que les meilleures valeurs, pour le moment, sont des blue chips de qualité impeccable fournissant des produits de base aux consommateurs américains et étrangers. Des actions comme Exxon, Johnson & Johnson ou Altria Group nous viennent en tête.
- Et vous, cher lecteur, à quelles actions pensez-vous ?