Après Nos âmes jumelles et Nos âmes rebelles, Samantha Bailly revient avec Nos âmes plurielles, le troisième et dernier volet de la saga publiée chez Rageot. Une saga pleine de vie que l’auteure et scénariste française est venue présenter aux lecteurs Babelio.
« Sonia et Lou se sont rencontrées sur un forum autour de leur passion créative : l’écriture pour Sonia, le dessin pour Lou. Leur blog BD, Trames jumelles, a été remarqué par un éditeur qui les a encouragées dans leur vocation. Bac en poche, elles réalisent leur rêve : s’installer à Paris en coloc ! Mais leurs tempéraments sont radicalement opposés… Sonia adore sa nouvelle liberté et les fêtes étudiantes, tandis que Lou s’investit pleinement dans sa formation aux Gobelins. L’année s’annonce électrique ! »
Retour sur une période charnière
La toute première question posée lors de cette rencontre aborde la naissance de ce triptyque dans l’esprit de son auteure et le rapport à l’adolescence personnelle de Samantha Bailly. De quoi en savoir plus sur les raisons qui ont pu la pousser à écrire les péripéties de deux jeunes filles au sortir de l’enfance :
« Cette série est née d’un rendez-vous avec ma précédente éditrice. La question qui se posait à ce moment précis était de savoir ce que j’avais profondément envie d’écrire, de raconter. Peu de temps avant ce fameux rendez-vous, j’avais été bouleversée par le film Le monde de Charlie (adaptation sortie en 2013, par Stephen Chbosky de son livre éponyme), comme emportée par cette histoire de l’adolescence alors que bien trop souvent dans la fiction, on retrouve une retranscription de cette période de la vie très idéalisée, dénaturée. Je voulais proposer d’autres sensations, à l’image de ce que l’on pouvait trouver dans le film, quelque chose de plus proche de que j’avais vraiment vécu. Les adolescents sont dans un paysage particulier de la vie, j’avais envie d’écrire le livre qui m’aurait réconfortée à l’époque. »
Un apprentissage à refaire
Même si Samantha Bailly s’inspire largement de son vécu comme elle confesse à plusieurs reprises au cours de la rencontre, il lui a tout de même fallu côtoyer des jeunes d’aujourd’hui pour réapprendre l’adolescence, une adolescence 2.0, résolument tournée vers la modernité :
« J’ai utilisé dans Nos âmes jumelles les forums, ces lieux d’échange à la mode à ce moment précis où j’écrivais le livre. J’ai ensuite intégré des choses plus récentes au fur et à mesure de l’avancée de l’histoire, comme YouTube etc. Pour ce faire, je suis souvent allée au contact de jeunes dans le cadre de mon métier qui est celui de l’écriture. Il m’a quand même fallu apprendre à nouveau ce que les adolescents d’aujourd’hui utilisent avec une facilité déconcertante. Ce n’était pas simple au début avec Instagram et les supports récents, j’ai appris beaucoup de choses. Maintenant je m’en sors très bien ! »
La construction de deux personnages
Inévitable, la question concernant la construction des personnalités si différentes de Sonia et de Lou a vite été amenée sur la place des débats par une lectrice intéressée. L’occasion de comprendre le lien étroit pouvant exister entre Samantha Bailly et ses personnages :
« J’ai beaucoup en commun avec les deux. Elles-mêmes, entre elles, ont des points communs et des divergences importantes. Leur rapport au corps est difficile par exemple, elles ont cela en commun. Ensuite, leurs petites différences se sont construites au fur et à mesure de l’écriture. Sonia est arrivée avec son extraversion, Lou avec d’autres éléments spécifiques etc. Ce sont des personnages qui, malgré une petite part de moi-même incorporée au fond de chacune d’elles, sont un mélange de beaucoup de choses. La création c’est véritablement savoir comment les rendre vivantes, leur donner chair de façon tout à fait indépendante, avoir la sensation que ce sont des personnages réels que l’on va laisser derrière soi, comme des amies dont on sait qu’il faudra se séparer tôt ou tard. »
Un procédé d’écriture original
Samantha Bailly a également pris le temps d’expliquer aux lecteurs et lectrices présents l’origine et toute l’importance d’un de ses choix de narration. Un choix qui offre au récit une pluralité de points de vue où chaque chapitre correspond à la visée d’un personnage en présence. Une idée originelle ?
« Je trouve ça toujours très intéressant de croiser les points de vue lorsque deux personnages ou plus sont présents dans la même scène. On a à chaque fois les éléments les plus marquants de chaque point de vue, ces différents « moi » qui se succèdent avec des sauts dans le temps assez rapides et toute une palette d’avis et de points de vue. Je fais une construction presque proche de celle du cinéma, une habitude que j’aie lorsque j’écris des scénarios pour le septième art. Je reste fidèle au déroulement du plan que je vois au départ. Mais cela ne m’empêche pas d’aborder ce plan différemment en fonction de chaque vision des personnages en présence. »
Une inévitable fin ?
Quant à savoir si toute cette saga devait obligatoirement bien finir, Samantha Bailly offre des pistes de réflexion qui justifient son choix et sa vision de l’évolution des existences communes de Sonia et de Lou :
« Le troisième tome est un peu celui des lecteurs. Beaucoup d’entre eux avaient envie de savoir ce qui allait arriver aux personnages. Ce tome est donc à la frontière entre ados et jeunes adultes. Je voulais passer cette dernière étape. Je me suis régalée en l’écrivant, j’ai adoré retrouver les personnages et les faire évoluer dans un nouveau cadre, dans de nouvelles situations, dont celle des études supérieures etc. C’est une période tellement intéressante, celle de l’émancipation, celle du départ de chez « Papa-Maman ». Les deux amies vont se mettre en colocation, elles vont vivre ensemble et faire face au monde. Je savais que tout ça n’allait pas forcément bien se passer. J’ai beaucoup aimé l’idée de les confronter à ce nouveau rapport au monde. Donc même si la fin de cette saga s’inscrit dans
un cadre plutôt positif, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’obstacles ont été franchis, ou pas, en amont. »
La rencontre se conclura par une séance de dédicaces et d’échanges plus personnels entre les lecteurs et l’auteur. De quoi poser les dernières questions restées sans réponse et faire un dernier au revoir à Sonia et Lou.
Découvrez Nos âmes plurielles de Samantha Bailly publié chez Rageot.