Amazon Tokyo Fashion Week SS 18: l’avenir de la Fashion Week ?

Publié le 13 novembre 2017 par Pascal Iakovou @luxsure

Du 16 au 22 octobre, le géant de la vente en ligne, Amazon, a orchestré pour la troisième fois consécutive la Fashion Week de Tokyo. Au même moment le groupe inaugure un bar à Ginza : occasion de donner goût à la gamme d'alcool proposée en ligne. Le lieu est décrit comme convivial: " les gens peuvent s'y rencontrés "- Hiroshi Maeda (Amazon Japon).

Alerte: Amazon envahit le Japon. Une infiltration via des produits de luxes. Fini le virtuel, la patte d'Amazone et bel est bien réelle : pas question d'être relayé à la catégorie spam alors que la scène Japonaise devient un lieu de convoitise.

Ce qui attire ? Une histoire de la mode, un style qui balance entre exubérance et sobriété et une jeune scène pleine d'espoir

Tokyo Fashion Week : une mode encore marquée par le sceau Européen, ou en acteur à part entière sur la scène globale du style ?

1991-2017 : Les dates charnières de l'émancipation

6.1 The Men : soit le nom du défilé commun entre Yohji Yamamoto et Comme des Garçons. Rétrospectivement : un événement. Le Japon est alors en pleine transition vers la modernité est ses créateurs symbolisent alors l'existence d'un style unique qui influence de manière significative la silhouette féminine des années 1990 en France. Vingt-six ans plus tard, Sacaï bénéficie d'une vitrine chez colette et Undercover est un défilé prisé. La mode parisienne a permis à ces marques de s'agrandir, mais il était important pour Undercover et Sacai de marquer un tournant en revenant à Tokyo. Jun Takashi ( Undercover) et Abe Chitose ( Sacaï) ont présenté un défilé sophistiqué : robes en nylon, soie et mousseline, trench et doudoune avec col en velours. Des classiques revissités pour une offrir une alternative moderne à la féminité. Amazon, conscient de l'événement, met en vente des t-shirts. Ils sont simples : la date et le nom des marques. Ils sont sold-out le jour même. Si Jun Takashi a voulu provoquer un choc avec ce défilé, le pari semble gagné.

Les influences Européenes : miroir renversés

Les marques les plus cités dans la presse : The Soloist, G.V.G.V ou encore Mikio Sakabe. Des labels qui sont passés par les structures de légitimation de l'industrie de la mode. Miki Sakabe est finaliste pour le prix LVMH 2016, G.V.G.V signe des collaborations avec Uniqlo ou Opening Ceremony. Le style de Takahiro Miyashita ( The Soloist) est marqué par une obsession pour la culture anglo-saxonne : Bowie, Les Beatles, Oasis. Cela se traduit dans des silhouettes monochromes et urbaines. Un style qui a son tour inspire les créateurs européens. Une boucle sans fin.

Si pendant le défilé proposé par Jun Takahashi, les mannequins étaient toutes de vraies jumelles, le jeu de ressemblances entre les tendances des fashion week européennes et asiatiques est plus complexe. Il se joue dans des matières : plastique, nylon. Dans des pièces: l'impair, le trench. Mais aussi l'attitude : l'impertinence. Le styliste Thibaut crée le buzz avec un jean string : une irrévérence digne d'un Mc Queen. Un style VETEMENTS

L'émancipation

Aucune interventions de Thibault dans les médias européens. Le jeune styliste ne souhaite pas répondre. Affranchi des codes médiatiques ? Si les défilés sur la scène européenne sont encore garants du succès, à Tokyo de nouvelles règles s'érigent lentement.

Parmi les marques de la jeune scène Tokyoïte, Moto Guo propose une masculinité douce. Des ceintures comme des coussins pour un atterrissage en douceur. Chez Mint les volumes sont amplifiés : des sacs surdimensionnés avec des inscriptions écolo. Enfin Haori de Titi joue avec nos stéréotypes d'un Japon cloisonné à la soie, et au kimono.

Haori de Titi

MINT

Moto Guo

Si le Japon est une île, c'est sa capacité à être connecté qui définit le pays. Sa fashion Week se développe: tous les ingrédients y sont présent. Des collections classiques, des créateurs hors-normes , des vêtements pour la rue, des vêtements pour les tapis rouge. Une autonomie gagnée ?

La délinquance discrète

À Paris, la maison de la culture du Japon propose de découvrir le Japon des traditions et des rites, mais donne également de la visibilité à de jeunes créateur comme Kenta Matsushige. Rei Kawabuko, les Studio Ghibli, la télé réalité Terrace House et la culture underground Chicano : c'est aussi ça le Japon...