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Radio France condamnée pour le licenciement de Daniel Mermet !

Publié le 13 novembre 2017 par Albert @albertRicchi
Journaliste, animateur et producteur de radioLa Cour d'appel de Paris vient de donner raison à l'animateur de l'émission " Là-bas si j'y suis ", Daniel Mermet, limogé de France Inter en 2014.
Radio France a été condamnée pour licenciement abusif, «  sans cause réelle ni sérieuse » et devra lui verser 300 000 euros au titre d'indemnités de licenciement, de dommages et intérêts, de préavis et de requalification...
Le 26 juin 2014, la voix gouailleuse de Daniel Mermet sonnait pour la dernière fois au micro de France Inter dans l'émission « Là-bas si j'y suis », qu'il animait depuis vingt-cinq ans. L’animateur était alors contraint de plier bagages suite à une décision de Laurence Bloch, la directrice de la station, prétextant notamment une baisse des audiences.Déjà en 2006, refusant tout dialogue et toute proposition, la direction de France Inter avait imposé le déplacement de LBSJS de 17 heures à 15 heures, ce qui revenait à amputer cette émission de plus de la moitié de ses auditeurs, la tranche de 15 heures étant traditionnellement beaucoup moins écoutée, quelle que soit la radio considérée.L'animateur indiquait à l'époque : « Lorsque nous avons été placés sur cet horaire en 2006, l'audience de cette tranche était de 150 000 auditeurs. Aujourd'hui elle est à 450 000 auditeurs, donc «  Là-bas si j'y suis » a amené au moins 300 000 auditeurs à France Inter : c'est la plus grosse audience sur cette tranche dans l'histoire de la station. S'il y a eu un léger tassement cette dernière année, c'est parce qu'ils ont amputé eux-mêmes l'émission d'une heure le vendredi, et de dix minutes à la fin de chaque émission.»La direction de France Inter invoquait également une " envie de renouvellement ". Il est vrai que le baroudeur des ondes n'était plus tout jeune (72 ans). Mais, là encore, l'argument ne tenait pas: " On veut rajeunir l'antenne ? Très bien ! Des jeunes, il y en a ! Son équipe est très jeune... On veut juste tirer le rideau de fer, et que la boutique n'existe plus, ce n'est pas la même chose ", remarquait alors Frédéric Lordon.
Selon Daniel Mermet, la direction de France Inter s'est donc égarée : " Elle trahit les potentialités de cette maison, et sa vocation à être un haut lieu de l'éducation populaire. " Finalement, condamnée le 7 novembre dernier, la station devra payer des indemnités à hauteur de 300 000 euros au journaliste, qui dirige désormais le site de " Là-bas si j'y suis " sur internet. Selon Daniel Mermet, cette condamnation inhabituelle lève le voile sur le statut précaire des journalistes de Radio France. LBSJS apportait un vent frais à France InterL’émission parcourait les contrées de France et hors de France, à la recherche du non-dit, de l'événement qui ne parvenait pas à percer la chape de plomb médiatique. Elle débusquait l'idée dissidente au libéralisme dominant, le mouvement social qui, quand bien même il était sectoriel, n'en méritait pas moins d'être relaté, la lutte qui, mise bout à bout avec les autres, pourrait enfin faire basculer le rapport de force en faveur des damnés de la terre. Elle tendait son micro tantôt aux plus grands penseurs de la gauche critique (Noam Chomsky, Eric Hobsbawm, Frédéric Lordon, Daniel Bensaïd...), tantôt à la multitude des anonymes investis dans les combats les plus variés.Au départ pourtant, la dimension politique de l'émission n'était pas explicite. Il s'agissait d'un projet de reportages au long cours. Mais, en ces années 90 de plans d'ajustements structurels successifs, Daniel Mermet se rapproche de l'équipe du Monde diplomatique, et « Là-bas si j'y suis » devient le lieu où s'invente quotidiennement un monde alternatif, le point vers lequel converge tout ce que la France compte d'utopistes, de réfractaires et de militants de l'idée égalitaire.C'est ainsi que, presque par accident, l'émission devient une anomalie dans le paysage radiophonique, selon l'expression de François Ruffin, rédacteur en chef de Fakir, et reporter de « Là-bas si j'y suis » entre 2005 et 2012. " Il fallait bien qu'au bout d'un moment une tentative réussisse ", constate amèrement de son côté l'économiste Frédéric Lordon, journaliste au Monde diplomatique et invité récurrent de l'émission. Dès l'annonce de la suppression, l'équipe de Daniel Mermet a travaillé à l'élaboration d'une nouvelle émission fidèle à l'écriture et à l'esprit de l'émission disparue. Cela aboutira au lancement de l'émission " Comme un bruit qui court ", diffusée le samedi de 16 h à 17 h à partir de la rentrée 2014. Le 21 janvier 2015 sera diffusée sur internet (uniquement) la nouvelle formule hebdomadaire, diffusée en direct tous les jeudis et qui dure deux heures.  Depuis, le site s'est diversifié. On y trouve désormais plusieurs émissions, entretiens, différentes chroniques (certaines en accès libre, la plupart réservées aux abonnées). L'équipe continue à pencher sur la création d'un " 7/9 neuf " quotidien mais n'a pas encore les moyens de le réaliser, faute d'un nombre suffisant d'abonnées.

" On a gagné. Ils sont condamnés pour licenciement sans cause sérieuse et pour 38 ans de CDD, dont plusieurs sans contrat de travail écrit. C'était du Macron avant Macron ! "

Daniel Mermet

 

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