13 novembre 2017 par carmenrob
La lecture récente de La servante écarlate de Margaret Atwood m'a donné le goût de relire 1984 de Georges Orwell. Or, alors que je jouais la gardienne de minous et que j'avais épuisé mes provisions de lecture, je découvre 1984 sur les rayons de la bibliothèque de ma fille. Belle coïncidence! Je suis donc passée d'une angoisse à l'autre, d'une dystopie à l'autre. Chacune demeurant terriblement d'actualité malgré que ces deux livres nous viennent du siècle dernier.
Winston Smith, travaille au ministère de la Vérité dont la mission consiste à mettre à jour, en continu, les journaux et les documents pour qu'ils correspondent en tous points à la vérité du moment. Le passé n'existe pas ou du moins ne peut-il être différent des déclarations du Parti. Cette réécriture de l'Histoire vise entre autres à tuer toute critique sur les difficiles conditions de vie, étant donné que la doctrine affirme qu'elles n'ont jamais été meilleures. Or Winston ne peut s'empêcher de douter, de réfléchir, de remettre en question le discours officiel, crime parmi les crimes. Il ne peut faire taire " la protestation silencieuse [qu'il] ressentait dans la moelle de ses os, [...] le sentiment instinctif que les conditions dans lesquelles [il] vivait étaient intolérables et, qu'à une époque quelconque, elles devaient avoir été différentes. " C'est le problème avec ceux qui sont nés avant la Révolution, comme Winston, ils ont des souvenirs...
1984, c'est la description du totalitarisme absolu, d'une machine à broyer les humains, d'un formidable lavage de cerveau qui table sur la mort de l'individualité, de la langue, de la vérité. Ce livre qui n'a pas pris une ride depuis sa sortie, en 1949, incite encore à la vigilance soixante-dix ans plus tard, vigilance notamment au fait que la liberté est d'abord intérieure, qu'elle réside dans la capacité à réfléchir par soi-même, capacité proportionnelle à la maîtrise des bases même de la réflexion, la langue.
George Orwell, 1984, Gallimard, Coll. Folio, 408 pages