Jean (François Berléand) et Elisabeth (Evelyne Buyle) s’apprêtent à recevoir à diner leur fille Bénédicte et son mari dans leur maison de campagne. Mais Matthieu (Eric Elmosnino), le gendre, arrive seul. Pourquoi ? C'est tout le sujet de la pièce et le spectateur aura autant de mal que les protagonistes à démêler le vrai du faux.
Le spectateur est entrainé dans un crescendo magistralement élaboré par Sébastien Thiery et finit par perdre sa capacité d'analyse.
Tout est symbolique, à commencer par le cadeau ramené de vacances et offert par Mathieu à son beau-père : une reproduction du masque mortuaire trouvé dans le sarcophage de Ramsès II. On devine la folie poindre dès les premiers échanges. Une folie en fin de compte autant contagieuse qu'un fou rire. Certains n'y verront que du tragique mais je veux y voir malgré tout une comédie parce qu'il vaut mieux en rire, et que ça fait du bien (de rire) même de ça.
Le gendre ne se souvient pas de l'essentiel et on le sent à coté de la plaque. Il prend les interrogations pour des affirmations. Le ton monte de part et d'autre. La tension devient perceptible. On perçoit le désarroi des parents. Et on veut croire que Matthieu n'est pour rien dans ce qui semble se tramer.
Tout fonctionne à la perfection. Le décor lui-même, imaginé par Jacques Gabel, se métamorphose au fil des actes, suggérant que la demeure va devenir semblable au tombeau d'un pharaon sous les éclairages de Dominique Borrini.
De multiples rites étaient entrepris pour protéger les pharaons des mauvais esprit après leur mort. Le pauvre Jean aurait besoin d'attention ... de son vivant. A quoi sert-il d'avoir raison si on est seul à le croire ?
On a le sentiment que le pire n'est pas encore arrivé mais qu'il se profile. Alors on guette l'indice, le faux pas. On espère et on frissonne. C'est délicieux.
Mention spéciale à Elise Diamant dont le rôle n'est pas aisé, mais je ne peux en dire davantage. Allez-y ... en famille si possible, ce sera encore plus jouissif.
Le spectacle est programmé aux Bouffes parisiens, qui est un très joli théâtre, encore imprégné du souvenir de grandes tragédiennes comme Arletty dont le portrait est accroché dans un couloir.
Mis en scène par Stéphane Hillel
Avec François Berléand, Eric Elmosnino, Evelyne Buyle et Elise Diamant
Du 19 septembre au 31 décembre 2017
Du mardi au samedi à 21h
Matinées le samedi à 17h30 et dimanche à 15h
Aux Bouffes parisiens
4 rue Monsigny - 75002 Paris