de Guy Delisle
Bande dessinée - 425 pages
Editions Dargaud - septembre 2016 1997. Christophe travaille pour une ONG humanitaire dans le Caucase, en Ingouchie. Soudainement, un jour il est emmené cagoulé par des ravisseurs qui traversent la frontière avec la Tchétchénie. A partir de là, pendant de longs mois, ils sera détenu seul, dans une pièce sordide, poignet attaché, sans pouvoir échanger à cause de la barrière de la langue, soumis au rythme imposé par ses geôliers. Deux repas légers par jour, une pause aux toilettes, et des dizaines d'heures à gamberger, désespérer, rêver...
Guy Delisle a mis ses talents de dessinateur au service du récit de la période de captivité de Christophe André. 111 jours.Le monochrome, le rythme des journées traduit dans ces planches répétitives, les pensées inquiètes de Christophe, tout installe un faisceau de sensation aiguës chez le lecteur. Le cliquetis des menottes, les douleurs liées aux contentions, l'acharnement à pouvoir décompter les jours qui passent, la difficulté de se raccrocher à l'intensité d'ensoleillement, la tristesse de ne pas se sentir en passe d'être libéré, la faim... La solitude. L'absence d'échanges sociaux et humains compréhensifs, la perte de ses repères et de ses attaches. Mais il consacre tout son temps "libre" à justement lutter contre l'inéluctable, et contre le désespoir mortifère.A plusieurs reprises, il s'acharne à échafauder des plans d'évasion, à faire des plans sur la comète, avec des "si", mais au fond, à quoi bon ? Il sait bien que ce sera en vain, voire que son évasion avortée va faire de la suite de sa captivité un enfer encore moins supportable. On n'y croit pas. On n'y croit plus. On sera surpris.
Les 50 premières planches - LeMonde
L'avis de Jean-Laurent Truc - Ligne Claire